vendredi 20 octobre 2017

Connectés sous dépendance addictive solitaire

Je sais, vous êtes comme de nombreuses personnes de ma génération d’après-guerre qui ont vu le monde changer à un rythme qui s’accélérait de plus en plus,  jusqu’à s’emballer dans une seule direction. Nous regardons nos enfants, les enfants de nos ami-e-s, nos petits-enfants et ceux des autres, nous les récupérons parfois à la sortie du collège, du lycée et nous observons tous le même comportement.



Cela peut certes nous irriter, nous désoler, nous désespérer. Mais comprendre pour argumenter, pour détourner, c’est plus dur. Y a-t-il une explication, des explications ou est-ce juste le résultat de ce que l’on a laissé filer par résignation, par facilité ou pour voir comment cela va évoluer, en spectateur critique ?
Nous avons nos références basées sur un monde tel qu’il était à leurs âges, avec les outils disponibles à ce moment-là, nos jeux, nos loisirs, nos plaisirs, nos désirs, … Mais eux, ces jeunes, ces adolescents, ces jeunes parents, quelles sont leurs références à eux ? Quel monde leur avons-nous présenté ?

On leur a bassiné que le monde leur est ouvert, que les technologies, la science vont faire des pas énormes, qu’ils profitent du temps de paix, du confort et des biens de consommation innombrables, qu’ils sont destinés à de grandes choses, qu’ils pourront obtenir ce qu’ils veulent dans la vie…. Ils vont à l’école, s’enrichissent de diplômes pour trouver le job qui les « mettra à l’aise ».
On en a connu de ces jeunes qui y ont cru, n’ont pas ménagé leurs efforts pour y « arriver ».

Mais la « real world » fait vite déchanter. Confrontés au monde du travail, ils se rendent compte qu’ils ne sont pas spéciaux, que plus personne n’est là pour les couver et les aider à une quelconque promotion. L’image de soi s’en trouve vite ternie, l’estime de soi amoindrie quant à la satisfaction par le travail et parfois aussi la difficulté d’établir des relations profondes et sincères.
Cette génération vit dans l’immédiateté, on peut tout avoir instantanément (ou presque), un monde de gratification instantanée. A la violente réalité du travail où l’on se sent souvent dévalorisé s’ajoute la technologie, les outils, les objets connectés.






 
C’est là qu’ils vont se lâcher pour s’échapper de ce monde dur, pour montrer aux autres à quel point leur vie est sensationnelle et riche, alors même qu’ils sont en voie de dépression.
Nos enfants et petits-enfants ont du mal à créer des relations profondes qui ont du sens. Leurs amitiés sont superficielles dans la mesure où ils ne peuvent pas compter les uns sur les autres. Dès que du nouveau apparaît, on délaisse pour aller vers du « mieux » ! Et quand un stress se présente, ils ne se tournent pas vers des personnes, mais vers l’appareil, leur objet « connecté ».
L’implication dans les « réseaux sociaux », i-phone, Facebook, Instagram et autres twitter génère la libération de dopamine et on se sent « bien » en « partageant » sur les réseaux par les portables « intelligents ». Cela provoque au final une réelle addiction comme l’alcool, le tabac, les drogues…


Notre génération, on est bien accro au pétrole et on a du mal à construire la transition, la résilience (pour le monde d’après « la crise »). Nous n’avons donc que peu de choses à leur présenter pour les faire rêver, les faire réfléchir à un autre monde possible que celui qui est LEUR référence, dans lequel ils sont nés et ont grandi.

Mais, on peut leur faire découvrir que le plaisir peut aussi être de couper du bois, de repeindre sa chambre, de chercher des réponses dans des ...livres, de planter des graines, de cueillir des légumes, de les cuisiner et partager un repas, de se promener dans de beaux endroits, de …




 
Cette génération de l’immédiateté doit apprendre la patience, que les choses fondamentales comme l’amour, l’accomplissement par le travail, la joie sont des choses qui demandent du temps.

Etre reliés par des appareils n’est qu’une illusion relationnelle et en terme de liberté, c’est une aliénation forte. Demain, la montre connectée, la puce implantée sous la peau connectée, le/la ….

Je n’émets aucun jugement moral ou de valeur, mais je me pose des questions. Interdire sans remplacer par autre chose de plus valorisant ne sert à rien pour guérir de cette addiction.
Propositions autres, activités de création, reconstruction de l’estime de soi, valorisation d’une réalisation, les pistes sont multiples et nous en connaissons de nombreuses.

Compréhension et exemplarité feront contrepoids, atténueront le temps passé devant les écrans et cette illusion d’exister, de vivre à travers des appareils « connectés » !



L’avenir n’est pas écrit.


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Souvenez-vous quand ça a commencé cette dépendance-addiction. En 1997 apparaissait sur le marché des jouets, une "montre-oeuf", création japonaise, un programme informatif qui ne sera inter-actif, connecté qu'en 2004 : le TAMAGOTCHI. Ne dites pas que vous n'avez jamais vu ou eu un tel "jouet"...qui ne vous quittait plus, qui devenait le centre de votre timing quotidien, nourrir, promener, ...pour qu'il ne meure pas !



lundi 2 octobre 2017

ETATS GENERAUX DE L'ALIMENTATION : agriculture et santé

Emmanuel Macron, candidat, dans ses promesses électorales, déclarait vouloir « assurer un revenu décent aux agriculteurs et une alimentation de qualité tout en respectant l'environnement ».  
Quel beau programme pour toutes celles et ceux qui sont sensibilisés-e-s aux enjeux de la santé par une alimentation saine et également par la juste rémunération des paysans pour leur travail qui privilégie la qualité de leurs productions.
On allait voir ce qu’on allait voir car LREM (La République En Marche) veut tout changer , moderniser, adapter au XXIème siècle, …

Annoncez le programme :


Le 20 juillet 2017 s’ouvrent les Etats Généraux de l’Alimentation, une sorte de Grenelle de l’Alimentation, sous la coupe non pas du Ministère de la Transition comme le souhaitait Nicolas Hulot, mais de l’agriculture *. Cela doit durer jusqu’à mi-novembre avec 14 ateliers et 2 chantiers.
L’idée en tant que telle semble attrayante, médiatiquement payante, mais comme pour le Grenelle de l’Environnement des secteurs entiers en sont exclus et la composition des participants pose forcément question.
Edouard Philippe, premier ministre dit vouloir réconcilier agriculture et environnement, quant à Nicolas Hulot, il veut annoncer une « transformation culturelle » en appelant tous les acteurs « de la fourche à la fourchette » à « mettre les postures de côté ». « J’espère qu’aujourd’hui est le début de quelque chose d’inattendu et de magnifique ». Le prédicateur doit être sur une autre planète, doit user de substances euphorisantes car comment ne pas voir qui est autour des tables de discussion.

Les présidences des « ateliers » sont tenues par 10 élus et responsables publics, par 10 représentants des géants de l’industrie agroalimentaire et de la grande distribution et aucune par des syndicats agricoles ou des ONG. Le public peut intervenir sur internet !!! Nous avons donc des représentants de Danone, de Système U, des laiteries Triballat, d’Axéréales, du groupe Avril, etc...bref la grande distribution (8 groupes possèdent tout le marché), l’industrie agroalimentaire. Celui qui supervise le tout est Olivier Alain. Oui, illustre inconnu pour vous, mais c’est le conseiller agriculture de Emmanuel Macron pendant la campagne , gros éleveur bovin et ...porte-parole de la FNSEA, le syndicat agricole bien connu pour sa sensibilité écologique et la défense des paysans !!!! C’est lui qui conseillait aux agriculteurs de ne pas déclarer leur flux d’azote, contrairement aux textes réglementaires. Vous voyez le genre. Et qu’en pense Nicolas Hulot ? Silence…

Vous imaginez bien que ces ateliers -dirigés par Danone, Système U et autres - ne vont pas sortir des textes de futures lois qui vont indemniser avec des prix JUSTES et plus élevés les producteurs de nos campagnes, vallées et montagnes. Quant à manger plus sainement, ce serait une révolution au sein des industries alimentaires et gros distributeurs et FNSEA de changer complètement de direction , eux qui ne pensent que profits, rendements, hyper-production, …



 
Et pourtant, certaines cantines scolaires passent au bio et produits locaux et de saison, les circuits courts ont le vent en poupe, les « éleveurs engagés » font des efforts de reconversion, les producteurs bios sont de plus en plus nombreux, les consommatrices et consommateurs commencent à être sensibilisés aux problèmes de santé et d’alimentation, aux conditions d’élevage et de production, au bien-être animal,… Il semble donc bien qu’il y ait un décalage énorme entre les effets d’annonce, l’enfumage médiatique et les réalités quotidiennes.

Quand on voit les efforts constants des paysans pour améliorer leurs produits, leurs combats pour survivre en vivant de leur travail, la synergie qui monte pour la vente directe, les produits locaux et que du côté de l’État (par vote au Parlement qui est LREM en majorité absolue), on va faire adopter le CETA, cet accord de marché avec le Canada (puis revenir ensuite sur le Tafta avec les Etats-Unis) et qui va permettre l’importation massive de viandes et produits alimentaires, c’est comme se tirer une balle dans le pied, c’est en contradiction totale avec ce que veulent nos paysans.

Lorsque mi-novembre, ces Etats Généraux se termineront (!) vous aurez droit à de beaux discours, on lancera quelques désirs sans aucune décisions concrètes et loin des objectifs annoncés : une plus juste rémunération du travail des paysans et de leurs produits et une alimentation plus saine pour tous.

On voit là encore combien et quel est le décalage entre ce qu’on « perçoit », ce qui est « communiqué » et la réalité des choses. Demandez à nos paysans ce qu’ils en pensent, ce qu’ils espèrent des décisions de ces Etats-Généraux de l’Alimentation où ils sont concernés, mais totalement absents. Tout est dit ! **



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* Vous connaissez le nom du ministre de l’Agriculture ? Stéphane Travert (qui fait tout de … /lol)

** Et pendant ce temps, le glyphosate est prolongé, les terres agricoles disparaissent sous les routes à hauteur d’un département par an...les labels bio européens sont de plus en plus élastiques et permettent une quantité d’OGM et un affichage des compositions des produits moins strict, les contrôles de plus en plus différés dans le temps, ...etc...