lundi 12 juin 2017

France : une Principauté néolibérale sans réelle assise légitime

Il y a encore des personnes qui se demandent pourquoi il y a tant d’abstentions. C’est pourtant simple à comprendre : ces abstentionnistes n’ont plus d’intérêt, d’envie de venir voter car ils-elles ne se sentent plus représenté-e-s, écouté-e-s et que la politique qu’ils-elles subissent au quotidien est la même depuis des dizaines d’années. Ils-elles ne croient plus que cela changera, même en changeant de « têtes ».

Quand on écoute les candidat-e-s le soir des élections, ils-elles regrettent ce taux d’abstention et font comme s’ils ne comprenaient pas, mais parlent immédiatement comme s’ils avaient une majorité avec eux qui les légitimise. Raison de plus d’accentuer encore cette abstention !

Légal, mais pas légitime
A l’issue de ces Législatives, l’Assemblée Nationale sera probablement monochrome « orange » LREM avec des têtes nouvelles. Ces élu-e-s se comporteront comme leurs prédécesseurs : il ne faut vous faire aucune illusion là-dessus, il suffit de les écouter le soir du premier tour. Ils-elles seront élu-e-s légalement, mais quelle légitimité quand cela ne représente que 15-20 % des électeurs-électrices inscrit-e-s, 1 sur 4 (ou 5) ?
Et la parité ? Et quelle proportionnalité ? C’est plutôt une voix-pensée unique qui achève la prise de pouvoir par la caste des chefs d’entreprises, professions libérales, ...et qui appliquera une politique néolibérale pire encore que ce qu’on a déjà subi jusque là. Il n’y a que les têtes qui changent et le style « grand sourire »…



Le changement, le renouvellement, mais lesquels ?
Les partis traditionnels sont écroulés. Le PS est laminé. Pas étonnant après un quinquennat qui a renié toutes les valeurs de la gauche et un parti hégémonique, réfractaire à tout changement à gauche, qui a braqué de plus en plus vers le centre, voire à droite. LR-UMP vit ses derniers soubresauts après avoir soutenu un candidat indéfendable et avoir tergiversé sur soutenir ou non Macron puisqu’ils ont la même politique dans leurs boîtes…
Le FN suit deux lignes entre la dynastie Jean-Marie/Marion et la dédiabolisation « patriote » de Marine-Phillipot. Cela a déstabilisé des militant-e-s qui sont habitués à être dirigés par une poigne de fer et une idéologie basique d’enfermement et de rejet. EELV disparaît du paysage. Les carriéristes ont navigué dans tous les partis quasiment et celles et ceux qui ont conservé l’étiquette EELV sont éliminés et en-dessous des 5 % : ce parti est financièrement sans possibilités de continuer à exister.

De LR-PS à LREM-LFI
Les seuls qui ont de la marge puisque construits de façon large en dehors des partis avec une démarche en devenir sont les deux mouvements « nouveaux » : La République En Marche, gagnante cette fois-ci et La France Insoumise qui a marqué cette séquence électorale Présidentielle et Législative. Ces mouvements vont se structurer, se renforcer et se retrouveront en 2022.
La politique menée par le clan Macron sera déterminante dans ce nouveau rapport de force en devenir. Mais cela dépendra aussi des réactions de LR et du PS-EELV : pas des partis, mais des membres de ces partis. Pour LREM, les choses sont pliées : ce mouvement aura une majorité écrasante à l’Assemblée nationale. Pour LFI, il faudrait que le mouvement obtienne au moins un groupe parlementaire c’est à dire 15 députés pour pouvoir s’exprimer publiquement et au sein de cette assemblée. Mais de toute façon, il n’y aura guère de débats parlementaires, puisque ce sera muselé par ordonnances…

Et demain ?
A part le changement de têtes et le style, le fond, les contenus, les options politiques ne changeront guère. Nous avons affaire à un gouvernement néolibéral dont le programme est connu. Les nouveaux élu-e-s se comporteront comme les nouveaux maîtres du pays en oubliant toute une partie de la population puisque leur élection ne repose que sur une adhésion à minima à savoir 1 électeur sur 4 (il ne faut pas regarder les pourcentages qui faussent tout, mais le nombre de voix).
Dans cinq ans, on se retrouvera donc ainsi avec la même problématique qu’en 2017, seuls les noms des partis auront changé.
Il n’y aura pas de 6ème République, pas d’autres directions économiques, pas de transition écologique comme direction gouvernementale, de moins en moins de protections dans le cadre du travail, des services publics à minima avec une privatisation latente, les actionnaires continueront à se gaver et l’austérité, la précarité seront toujours présents, l’Europe n’aura pas harmonisé ses lois-textes et la ferveur du changement sera retombée.

Ce fut donc une belle opération marketing, une mystification dans l’espoir, mais le changement de civilisation, de la conception de la vie, des priorités pensées dans une perspective longue ne seront pas plus pris en compte par ce gouvernement que par les précédents.
On est bien dans la continuité d’une Cinquième République de plus en plus obsolète où le président a tous les pouvoirs avec un Parlement à sa botte et muselé : une Principauté néolibérale.


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Résultats au soir du premier tour des Législatives 
                                     (chiffres du Ministère de l’Intérieur)

Abstention : 51,3 %
Votants : 49,7 %

LREM    La République En Marche                                                            32,3 %
LR          Les Républicains                                                                       21,5 %
LFI/PCF La France Insoumise/ Parti Communiste Français                             13,8 %
FN          Front National                                                                          13,2 %

PS/DVG/EELV Parti Socialiste/Divers Gauche/Europe Ecologie Les Verts           9,5 %




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