vendredi 24 février 2017

FICTION ...en marche ?

Nous sommes en 2017. Les derniers flocons de neige tombent sur les hauteurs. L’hiver fait part de ses derniers soubresauts, mais le pays est penché sur son avenir immédiat : les élections quinquennales présidentielles. Les dernières semaines, un certain rythme politique s’est sérieusement accéléré. Il faut dire que dans moins de trois semaines, on saura exactement qui sera sur la ligne de départ de la course à l’Elysée. Les prétendants étaient multiples, mais certains scénarios ont été balayés par les électeurs lors de consultations « primaires » qui ont réservé pas mal de surprises. Elles ont surtout été révélatrices d’un rejet profond d’une certaine caste politique complètement décrédibilisée ces dernières années.
Le président sortant qui a fait volte-face pendant ses cinq années de gouvernance n’a eu d’autre choix que de se retirer de la course, sûr d’être battu ...honteusement ! Son élection avait bénéficié d’un rejet total de son prédécesseur. La leçon est peut-être restée dans sa mémoire. Son successeur naturel et aussi premier ministre a lui aussi été rejeté, contre toute attente, lors de la consultation des militant-e-s au profit d’un frondeur de son camp qui tenait un discours novateur pour son parti et qui avait pris de la distance avec la politique de sa famille. Ce scénario a rebattu les cartes de façon sérieuse, mais annonçait une partie des plus délicates.
Dans le camp adverse, à la fin de l’année précédente, il s’était déjà passé quelque chose d’analogue. L’ex-Président de la droite pensait reconquérir le poste perdu il y a cinq ans, mais avec de multiples ennuis judiciaires, il avait aussi perdu une partie de ses partisans dont les voix se reportèrent non pas sur un dinosaure du parti (« le plus intelligent de nous tous »!) mais sur l’ex-premier ministre qui se targuait d’une probité à toute épreuve flattant l’électorat libéral et chrétien en se présentant comme une personne intègre, transparente, sans reproche. Malheureusement pour lui, une investigation journalistique approfondie a vite fait de mettre en lumière ce qui avait été caché sous les tapis et derrière les rideaux de sa demeure seigneuriale. Il eut beau crier que ce n’était qu’un détail légal (concernant quand même une somme importante d’argent public), puis désavouer la justice et enfin hurler au complot, il n’a cependant jamais apporté de preuves qui aurait pu faire tomber les accusations éthiquement totalement justifiées. M. Propre était noirci et sa moralité bien éclaboussée, d’autant plus qu’il déclara (là encore faisant volte-face) que même mis en examen par la justice, il serait candidat jusqu’au bout. Ce qui manquait d’élégance et accentuait cette image détestable que certains se croient au-dessus des lois.
L’autre candidate d’extrême-droite malgré un nettoyage de façade n’échappa pas, elle non plus, aux affaires judiciaires qu’elle traîne derrière elle, les anciennes (surfacturation) comme les nouvelles apparues ces derniers mois avec des soupçons avérés d’emplois fictifs au Parlement Européen. Elle aussi déclara que, convoquée pour examen par la justice, elle n’irait pas. J’ai toujours cru que la règle numéro un pour un politique était l’exemplarité. Mais ça c’était il y a longtemps. Depuis, vu de plus près, j’ai eu le temps de comprendre que cela ne se passait pas du tout ainsi dans ces sphères là. De plus en plus de personnes comprennent très bien comment les arrangements en tous genres, les collusions et les cumuls de pouvoirs forment un système très rémunérateur qu’on ne veut pas abandonner trop vite.
Il y a aussi un jeune loup au sourire permanent de séducteur, banquier devenu ministre de l’économie et qui démissionne de son poste quelques semaines avant les élections pour se présenter dans la peau d’un candidat ...nouveau ! Cet homme d’affaire présente du vent, des rêves, des mots oniriques dans un scénario aux contenus inexistants. Il s’accoquine avec un ancien centriste, girouette permanente de ce monde politique et qui veut encore exister en pensant qu’il a des idées novatrices à apporter alors qu’il représente le lobby catholique bien pensant et ultra-conservateur. Un atout ou un poids mort ?


Les pronostiqueurs et observateurs, analystes politiques ont déjà déroulés leurs scriptes et calculs.
Dans l’état actuel, la multiplication des candidatures amène une finale en mai entre candidats de droite et d’extrême-droite car le banquier et son acolyte centriste sont casés de ce côté-là désormais même s’il ne fait que répéter qu’il se situe «  à droite et à gauche », autant dire nulle part !
Ce bonimenteur politique est de plus en plus christique à l’image des prédicateurs américains où la forme est plus importante que le fond. D’ailleurs en bon commercial, il est le produit, l’argument de vente et la tête de gondole et dans ses paroles, on n’entend plus que le mot « entreprise » politique ce qui veut tout dire sur la façon dont il considère le pays  et comment le conduire.

Il reste une dernière interrogation, mais très importante, sur les décisions qui seront prises dans les prochains jours sur une éventuelle candidature unique à gauche. Celui issu du vote des écologistes a rejoint le candidat frondeur PS avec des accords, des engagements sur quelques points essentiels. Ainsi, il invite aussi à ce que le candidat de la gauche radicale accepte de rentrer dans ce rassemblement. Cela n’est pas facile, mais plus le temps avance, plus la pression va s’accentuer et il va être difficile de ne pas passer, en cas de refus final, pour celui qui a fait perdre la gauche, car mathématiquement, ensemble, celle-ci peut gagner l’élection présidentielle.

Improbable le rassemblement de ces deux candidats ? Dans l’état actuel des choses, oui. MAIS il ne faut pas oublier que le candidat PS d’aujourd’hui est un frondeur qui a dénoncé la politique du quinquennat de son parti et souhaite le faire évoluer et le transformer idéologiquement.
Admettons qu’un accord souhaitable par une grande partie du « peuple de gauche » s’opère ce week-end ou dans les prochaines semaines. Les anciens caciques libéraux du PS quitteront le navire et se rapprocheront du centriste « nulle part », ex-ministre banquier de l’économie qui était avec eux au gouvernement. Même pas besoin de demander des « têtes », elles s’éloigneront toute seules. Du coup, le parti sera explosé et sa reconstruction sera au programme de l’après-élection.

Quant à savoir qui des deux sera le candidat unique pour cette dernière élection de la 5ème République (puisque tous les deux s’engagent à créer de nouvelles institutions dans une constituante d’une 6ème République), on peut proposer un tirage au sort ou une candidature commune avec un accord de gouvernement. L’intelligence et le sens de l’histoire feront la différence.
La responsabilité de ces deux candidats est énorme quant au futur de la politique française. Ou ils se maintiennent dans leur posture individuelle, partisane et c’est le coup de grâce de la politique, ou ils se mettent dans un gouvernement de rassemblement et ils reconstruiront un nouveau pôle à gauche mais bien loin idéologiquement du social-libéralisme qu’on nous a asséné ces dernières années avec un reniement de quasi toutes les promesses.
A droite de toute façon, le parti LR (ex UMP) est en miettes et cela sera vraiment visible après la séquence électorale.

Pour le PC (Parti Communiste), le choix n’est pas clos. Un premier vote interne a fait ressortir un soutien au candidat de la gauche sociale car il est impossible pour eux de soutenir un candidat issu du gouvernement qui a trahi les classes populaire et ouvrière. Cependant, pas mal de militant-e-s optent pour le scénario gagnant d’un candidat unique (frondeur PS ou France Insoumise) et d’une représentation parlementaire.


 
Pour les abstentionnistes conscient-e-s comme moi, il n’y a qu’un seul cas de figure qui nous fera, éventuellement, changer de choix : une candidature unique France Insoumise-Verts- Frondeurs PS qui apporterait une nouvelle offre idéologique dans un monde en mutation , en transition, bien éloignée des partis traditionnels actuels et où la dimension écologique est largement prise en compte avec des engagements forts. Ces voix abstentionnistes conscient-e-s seront un apport forcément gagnant dans un tel cas de figure.

Les deux candidats ont cette responsabilité, leur décision montrera le degré de sincérité et d’engagement réel en dehors des jeux pourris de pouvoirs et de leadership.
Je ne nie pas certaines divergences et des stratégies longues, mais l’intelligence est aussi savoir dépasser des différences pour un objectif plus grand.
« Seul, on va vite ; ensemble, on va loin. »

La réponse ne saura tarder car les candidatures sont déposées mi-mars avec les 500 signatures minimum des maires de France.



A suivre…..L’avenir n’est pas écrit !

samedi 18 février 2017

Désir rêvé : un candidat unique à gauche…???!!!

Oui, pas mal de personnes aimeraient y croire.
Mais on ne parie pas avec les bookmakers, on ne veut pas non plus réduire ces élections à un jeu de loto car les dix dernières années ont été catastrophiques entre la crise de 2008 créée artificiellement et techniquement par les banques et la politique d’austérité imposée par l’Allemagne de Schauble-Merkel. On a envie de croire qu’un changement est possible, un vrai changement radical pas comme les promesses de Sarkozy et Hollande cinq ans plus tard. Ils ont tous les deux joué leur mélodie avec peu de variantes car c’était la même partition.

Cette année 2017 a commencé avec une sorte de révolution politique presque institutionnelle puisque Hollande a abandonné son projet de se représenter, Valls se croyant incontournable s’est fait renvoyer car le peuple de gauche a de la mémoire. Avant, Sarkozy qui se voyait en sauveur d’une droite à la dérive (et accessoirement retrouver une immunité pour échapper aux affaires qui trainent  et sont à l’instruction) se fait renvoyer sèchement , ainsi que Juppé dont on n’oublie pas les dérives sous Chirac. Un sacré ménage pour commencer.
Et puis, Fillon l’intègre, le chevalier blanc de la droiture, de la transparence, des valeurs chrétiennes est démasqué derrière ses conflits d’intérêts et l’abus d’une somme importante d’argent public distribué à sa famille au détriment d’une utilisation pour les services à la population à qui on assène une cure d’austérité jusqu’à la précarité. Immoral. Et on découvre la face cachée de ce personnage qui oeuvrait à l’ombre de son mentor pendant des années tout en amassant un pactole en vue de son ...heure !
Et Macron, le christique qui est entré en lévitation et se croit au-dessus de la mêlée. Il fait de sa campagne un business-plan, où il est à la fois le vendeur, le bonimenteur commerçant, le produit et la tête de gondole. Il vend du rêve, se veut charismatique dans ses attitudes et son verbiage et pense pouvoir se passer de tout programme car il joue sur la soit-disante nouveauté politique,sa jeunesse relative pour faire passer un vide idéologique qui s’est révélé ces derniers jours et s’accentuera encore au fur et à mesure qu’on s’approchera de fin avril...Il drague tout azimut avec ses déclarations fumeuses sur la colonisation de l’Algérie et le racolage actif des « humilié-e-s  du mariage pour tous » !!! On comprend de mieux en mieux où il va aspirer les voix pour se faire élire. Il est un vrai leurre (sourire permanent, silences « inspirés ») au service des banques et des actionnaires des grandes entreprises. Bien sûr, il n’a rien d’un homme de gauche aux valeurs humanistes et de partage.
Et Marine Le Pen qui a ripoliné la façade du FN au point de faire disparaître tout signe distinctif. Plus de flamme tricolore, plus de nom de la dynastie et après « la France apaisée (!)», voilà qu’elle pioche dans le vocable de gauche avec « au nom du peuple ». Mais dans son équipe, dans les instances, malgré le costume-cravate de façade, le sourire de quelques énarques et hauts fonctionnaires débauchés, on croise tous les fascistes xénophobes du Bloc Identitaire et autres ex-GUD. Et son image est bien écornée car, comme Fillon et Sarkozy (avec « l’affaire » Bygmalion), elle a elle-aussi des emplois fictifs au Parlement Européen à mettre sous le tapis et des dévoiements avec ses kits de campagne sur-évalués afin de se faire rembourser par l’État en faisant une belle plus-value.
Et puis ses emprunts russes, ses amitiés particulières, ses élus municipaux et ses femmes potiches…



 
Il reste les deux ex-frères de militance, de parti, de gouvernement. Hamon qui a, sur son nom, fait éliminer le liquidateur du PS-Valls- en se démarquant radicalement de sa ligne, ses options politiques. Et Mélenchon, lui aussi ex-ministre PS, qui a creusé son sillon depuis quelques années pour arriver à son objectif : être président en 2017 et redistribuer les cartes.
Une grand partie de l’électorat aimerait que de deux, ils ne fassent qu’un, ce qui mathématiquement serait le ticket gagnant !
Mais est-ce possible vraiment ?

Personnellement, je ne le pense pas. 
Hamon a été élu à la primaire du PS (la Belle Alliance Populaire) et même s’il a la légitimité du résultat, il devra composer avec son parti (dont il est membre depuis trente ans) et dans lequel il n’a aucun pouvoir au Conseil Politique. Son équipe de campagne reflète déjà les tendances, rassemblées entre partisans de Montebourg et ...de Valls ! Les prochaines semaines risquent de mettre en lumière un programme qui, de radical, va s’édulcorer un peu avec un discours plus ...consensuel.
Mélenchon est prêt à discuter, à étudier les convergences de programme, mais en aucun cas, à s’effacer pour laisser la place au candidat unique de la gauche qui serait Hamon. Il ne peut pas, tout simplement.
Il a crée un mouvement avec un retour aux valeurs radicales de la gauche, élaboré de façon collaborative un programme « l’avenir en commun » qu’il a chiffré et à quelques semaines de la date des élections, il devrait se ranger derrière Hamon.
Celui-ci est bien aujourd’hui LE candidat du PS, ce parti au pouvoir - dont il était ministre un moment - et qui est rejeté par une très grande partie de l’électorat de gauche. Ce gouvernement PS a trahi, a menti à ses électrices et électeurs, s’est renié, a fait une politique de productivisme en appliquant un plan d’austérité incompréhensible, a fait augmenter le chômage en 5 ans, s’est mis à la botte de Merkel (sans renégocier les traités), du FMI, de la Commission Européenne, a fait passer la loi travail par la procédure sans vote ni débat du 49-3, etc...etc… Comment peut-on s’effacer derrière le candidat de ce parti ?
Il faut bien réfléchir avant tout procès d’intention. Hamon, qui a été élu pour se débarrasser de Valls et sanctionner la politique anti-sociale et libérale de Hollande, ne peut pas demander le leadership de cette nouvelle gauche en perspective. S’il suit tout ce qu’il a développé lors de la primaire, il ne peut pas revenir en arrière et logiquement, il ne peut que continuer à se démarquer de son parti comme il l’a fait en tant que ... frondeur.



Il n’y a donc qu’une solution (quasi impossible) : une discussion et des décisions écrites sur les convergences des deux programmes, un accord de gouvernement, une répartition équitable et proportionnelle des circonscriptions pour les élections législatives (entre France Insoumise, Ensemble, PC, EELV, PS) et la candidature unique de Mélenchon pour la Présidentielle.


Vous me direz : et Jadot, candidat EELV ? Il ne faut pas être devin pour dire qu’il n’avait aucune chance d’être au deuxième tour. Le cinéma classique des élections à deux tours voudrait qu’on puisse voter en conviction au premier tour. Mais cette répartition des votes (avec plusieurs candidats) ferait éliminer dès le premier tour les candidats de gauche. Vous avez bien compris que pour moi et pas mal de gens, Macron ne représente pas la gauche, mais le centre droit avec un penchant vers le conservatisme à la Fillon, une certaine filiation avec les Lecanuet, Giscard et autres du siècle passé. Il ne faut pas se fier aux apparences !
Et puis, on a bien vu ce qu’est devenu ce parti depuis que Europe Ecologie a phagocyté Les Verts pour accéder aux pouvoirs avec des carriéristes qui ont tous quitté le parti dès que les opportunités étaient là : De Rugy, Placé, Bompili, Cosse ….Aujourd’hui, Jadot essaye de sauver les meubles (et les finances du parti) en pensant à son avenir et à celui des copains-copines ...Le programme EELV est compatible avec Hamon (et en grande partie avec Mélenchon), mais Jadot pactisera surtout avec Hamon/PS, ….comme d’habitude serais-je censé dire, même s’il veut s’en démarquer, pour pouvoir s’en sortir ...la tête haute !





Donc, les semaines à venir vont éclaircir tout cela. Cependant, les lignes sont claires, les scénarios plausibles aussi et comme d’habitude, on nous fait peur avec l’épouvantail FN, ainsi on ne réfléchit plus avec son coeur et sa tête, mais avec ses tripes et on aimerait nous faire voter une fois de plus CONTRE ou …….UTILE !!!! Mais ça , on nous l’a déjà fait à maintes reprises depuis 2002 et ça ne prendra plus.

Chacun-e a encore le temps * d’examiner toutes les possibilités et de s’enrichir dans des débats, dans la lecture de la presse indépendante et des blogueurs libre-penseurs, dans l’échange et la mémoire du passé proche.



                                   _________________________________________



Alors, on en est là, avec tous ces constats sur la politique politicienne, avec tous ces travers humains de pouvoir et d’argent et on peut se demander ce qui est VRAIMENT important.

La leçon des Régionales, les Nuit Debout, les initiatives multiples alternatives partout : le changement de civilisation s’opère doucement dans une prise de conscience globale.

Cette conscience qui nous suggère que la vie est ailleurs, que nous pouvons vivre en dehors de cette sphère politicienne, que nous pouvons reprendre le pouvoir sur notre vie, échanger, partager, nous nourrir, nous soigner, nous loger autrement, établir des relations sociales sur d’autres bases où la démocratie, les décisions et les actes s’exercent localement en s’enrichissant des expériences multiples qui sont à l’oeuvre ailleurs et grâce à des moyens de communication facilités.
Voilà des perspectives où nous pouvons nous impliquer, des voies positives où nous retrouverons notre essence profonde, où nous nous sentirons exister AVEC les autres.


L’avenir n’est pas écrit….une certaine révolution est en marche !









                                les dessins sont de  VEESSE, PAT THIEBAUT, AUREL




* Election Présidentielle: 22 avril - 7 mai 2017
   Election Législative : 11 - 18 juin 2017