mardi 20 septembre 2016

LA VALSE DES MARIONNETTES

Il y a pléthore de candidat-e-s à viser le poste de « big chief of France », mais les projets ils sont où ?
Je sais bien que chacun-e va y aller de ses propositions qui vont changer les choses. Pas vrai ? On a droit déjà aux annonces quotidiennes du revenant revanchard qui drague l’extrême-droite et veut retrouver une immunité face aux affaires en cours (et qui passeront au tribunal après le printemps prochain). On a droit à l’idéologie classique d’enfermement et de rejet d’une Marine au sourire médiatique figé (au nom du peuple, patriote). On a droit aux promesses sans lendemains d’un parti qui a renié les valeurs de la gauche et qui veut incarner la Belle Alliance Populaire, à ….
Chacun-e essaie d’incarner l’homme-la femme « providenciel-le ». Mais, et sans revenir très loin en arrière, il suffit d’en rester aux alternances de ce début du vingt-et-unième siècle pour bien avoir cette impression globale que le changement ne viendra pas des personnes, mais bien d’une évolution des institutions et des initiatives citoyennes, locales, collective et en réseaux. Cette période électorale ressemble à une immense scène de théâtre dont le spectacle vaudevillesque ne peut que nous lasser.
Et d’ailleurs, où est passé la démocratie au sens où nous avons encore l’impression de participer, d’être écouté ?  Et où sommes-nous dans ce marché mondialisé où notre vie n’est plus qu’un pion destiné à être pompé, pressé et appelé à consommer de l’inutile et de l’éphémère dans une course vers un mur et où il n’y a rien derrière.

                        

J’ai lu un résumé dernièrement d’une étude qui portait sur 1200 grosses entreprises mondiales et les dividendes versés ( à leurs actionnaires). Les entreprises françaises du CAC 40 (côtées en Bourse) ont fait 40 milliards € de profits (+4 à +7%). Sur les six premiers mois de cette année, l’augmentation est de 11,2 % en France (de 4,1 % en Europe) pour un montant de 35 milliards €. On peut arrêter les chiffres. Cependant, cette prospérité financière ne profite qu’à une petite caste et on a bien compris que « les impasses productivistes et libérales menacent notre système qui ne cesse d’accroître les inégalités ». Alors ?

Alors, il serait temps de remettre du débat (nuit debout) à l’agenda politico-médiatique. Pourtant, les gens ne manquent pas d’idées où le social et l’écologie sont prédominants.


                     



Quelques pistes


Nous sommes soumis aux médias de propagande qui immiscent en nous un sentiment profond de peur, de précarité, qui nous replie sur nous et nous fait rejeter l’autre. Le sommet a été atteint par cette initiative de déchéance de nationalité. On ne pouvait pas faire mieux pour semer la discorde dans un tissu social déjà fragile. Et puis, certain-e-s ne se sont pas gené-e-s pour rajouter là dessus des immondices de communautarisme et d’islamisation générale. Bâtir des murs au lieu de construire des ponts. Nous vivons dans une République qu’il faut rhabiller de sens. Dans ce pays démocratique de libertés, il est temps de rappeler nos valeurs communes humanistes des Lumières qui font qu’on aime ce pays où nous vivons et d’où qu’on soit. C’est une bataille quotidienne de la pensée contre la peur et nous sommes nombreux-ses à partager ces valeurs et ce qu’elles nous apportent : éducation, soins, liberté de penser, ...Quand on se sent bien quelque part, quand on est bien accueilli, il n’y a plus de raisons de vouloir détruire, tuer. Ce sont l’enfermement, le rejet qui sont les ferments de la violence.

La crise provoquée par les banques à travers les subprimes (l’endettement massif à des taux élevés) a déclenché une précarité et une crise économique qui touchent une part importante de la population à des degrés divers. Le chômage massif a permis de casser les lois du travail pour moderniser l’outil industriel !!! Les 35 heures qui devaient le résorber en partie n’a fait que apporter une charge supplémentaire de travail sans créer beaucoup d’emplois. Les entreprises ne jouent le jeu que forcées et ceux qui veulent et pourraient embaucher (PME, artisans) sont soumis à des charges sociales basées sur le nombre de personnes et non proportionnellement sur les bénéfices de l’entreprise.
Il n’y a que le passage aux 32 heures (réclamé par Les Verts depuis toujours) qui seront une vraie avancée sociale et ...économique. Cela imposera de fait l’embauche nécessaire et permettra d’avoir une autre qualité de vie avec une semaine professionnelle de 4 jours et familiale et de loisirs de 3 jours. Cela peut être mis en place de façon souple avec des possibilités de lissage à l’année. On pourra y ajouter des périodes de congé sabbatique (6 mois tous les 5 ans ou 1 an tous les 10 ans ou encore un départ à la retraite anticipée). Il n’est pas non plus inconsidéré d’imaginer un revenu pour les chômeurs affectés provisoirement à des tâches d’utilité sociale et qui soit déconnecté de la recherche d’emploi.


La Constitution française de la Vème République a organisé le système politique comme une monarchie républicaine avec une concentration importante de pouvoirs entre les mains d’un seul homme « flanqué d’un Parlement godillot ». Et puis, dans les régions, les campagnes, nous avons des élu-e-s qui cumulent les mandats (et les indemnités qui vont avec) et qui sont de plus en plus déconnectés des vrais gens et des réalités quotidiennes. Afin de revenir à une démocratie vivante et participative, il faut un changement des institutions et constituer une VI ème république. Et ce qui va avec, à savoir entre autres, supprimer le 49-3 (loi instituée sans débat et sans vote), limiter le nombre de députés et le cumul de mandats, réformer le Sénat, instituer la proportionnelle aux élections, pouvoir révoquer le Président (et même tous les élu-e-s), reconnaître le vote « blanc », pouvoir organiser des référendum d’initiative populaire, ...etc… Et ces changements peuvent venir d’une crise institutionnelle provoquée par le rejet des citoyens du fonctionnement actuel, par exemple en boycottant les prochaines élections jusqu’à ce que le Conseil Constitutionnel change la donne. Et puis, il faut redonner du sens à l’éducation populaire, réveiller les consciences. La politique n’est pas une affaire d’experts, changer les têtes ne fait pas changer le système. Faire de la politique, c’est penser, avoir des idées innovantes, être conscient de l’urgence sociale et environnementale. Il n’y a plus de débat car le réel pouvoir est aux mains d’une technostructure composée des directeurs de cabinet, des énarques, des haut-fonctionnaires issus des « grandes écoles », des experts !… Quand il n’y a plus de débat, alors le système est préservé, perpétué tant cette caste au pouvoir partage les mêmes intérêts que ceux de la finance, cet « ennemi  invisible ».



L’Europe des 27 est un espace de paix et cela doit être rappelé sans cesse. Cependant, la politique conduite par la Commission Européenne qui s’est soumise à la dérégulation et à la mondialisation n’est pas le choix des européens qui travaillent et vivent dans cet espace élargi. On voudrait nous faire croire que l’Europe n’a pas d’atouts propres et ne peut pas développer autre chose que le capitalisme productiviste libéral. C’est faux et les exemples de plusieurs pays sont là pour nous montrer autre chose, d’autres voies possibles. Il faudra donc bien refonder cette Europe avec plus de pouvoirs à un Parlement d’élu-e-s et non pas se laisser imposer des textes par une Commission formée de personnes nommées par les gouvernements et gangrenés par les lobbys marchands. Cela passera par une nouvelle assemblée constituante et/ou par la renégociation des traités qui imposent des critères restrictifs et mortifères pour les Etats (on a vu cela à l’oeuvre en Grèce, Portugal et-bientôt-ailleurs).

Concernant l’agriculture, (c’est un domaine des plus importants ) ma chronique précédente en parlait largement. Je n’y reviendrai donc pas pour éviter de me répéter.







Un toit, un repas, de l’eau, un lit, avoir chaud, pouvoir se soigner,...On pourrait énumérer les besoins vitaux globaux. Les changements viendront de la base (qui n’attend plus rien du personnel politique actuel) et les initiatives sont multiples et disséminées que ce soit en entreprise, dans les collectivités, dans la vie citoyenne… Notre pouvoir, à chacun-e, existe : au moment où nous sommes sollicités pour aller voter, au moment où nous consommons (quoi, où, comment), au moment où nous avons une vie associative, citoyenne, militante, au moment où nous nous déplaçons, …

Quand on est dans la peur, on ne mesure plus son pouvoir.  
Quand on n’a plus peur, on retrouve sa pleine liberté
et l’horizon s’éclaircit.


                       


Alors, cette valse des marionnettes qui va durer des mois, ce spectacle confondant toujours pareil composé de promesses destinées à nous faire rêver, a-t-il encore prise sur nous ? Sommes-nous encore assez dupes pour nous faire berner une fois de plus ? Basta ! L’exaspération est à son comble et il n’y a pas de remède-miracle. Il nous faut bien reprendre possession de notre vie et de notre libre-arbitre, ne plus réagir et agir par dépit, mais par choix, et donc atténuer notre dépendance vis-à-vis de pas mal de choses, peut-être changer notre façon d’être, de vivre, d’établir des relations avec les autres, nos alter-égos. Nous ne pouvons pas continuer à déléguer notre pouvoir à des élu-e-s qui nous lâchent dès qu’ils-elles sont en poste. Notre voix n’est plus entendue, plus écoutée et cela crée des tensions dont nous ne sommes peut-être même plus conscient-e-s.

La pensée contre la peur. L’intelligence, la culture, la tolérance contre la barbarie et l’aveuglement. L’humain contre le sectarisme. L’ouverture contre la dictature. Il ne faut pas se tromper de combat. Nous sommes face à des urgences planétaires, sociétales, environnementales, un changement de siècle mais aussi de civilisation, car nous avons pu mesurer les impasses du communisme, du capitalisme, du libéralisme financier et marchands.

Nous pouvons ré-inventer et mettre en œuvre, chacun-e à son niveau, un autre monde possible, pour nous, nos enfants, nos petits-enfants, la survie sur cette planète fragile, vivre plus dans l’amour.
Et ce n’est pas être naïf, idéaliste, rêveur irréaliste que d’y croire. C’est le regard que l’on porte, ce sont nos actes quotidiens, qui font ou vont faire la différence.


                                      « Penser global, agir local. »                                            
« Résister, c’est créer. Créer, c’est résister. »                                                         
                                                          « Seul, on va vite ; ensemble, on va loin. »   


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J’ai l’air de mettre tout le monde dans le même sac, ce qu’il faut relativiser. Je sais très bien reconnaître que certain-e-s élu-e-s ne faillissent pas à leur mission une fois élu-e. Je ne prendrai comme exemples que Eric Piolle, maire de Grenoble, Michèle Rivasi, député européenne ou encore plus localement Djamila Sonzogni, conseillère régionale et  Jacques Muller, sénateur, en leurs temps, Jean Vogel, maire de Saales...Et j’en oublie...

mercredi 14 septembre 2016

PAYSAN DE MONTAGNE

Je ne peux que remercier et rendre hommage aux paysans de montagne qui font un travail remarquable d'entretien des espaces et d'ouverture de nouveaux prés. Sans eux, la montagne serait une plantation sans fin d'épicéas, un maquis de genêts où prolifèrent les tiques. Mais grâce à leur travail patient et quotidien, nous bénéficions d'un environnement privilégié ouvert et harmonieux et en plus, on trouve à proximité plein de choses utiles pour son potager : fumier, copeaux de bois, … Sans compter les produits de la ferme à consommer sur place. Quand on est paysan, il n'y a pas de week-ends, on ne compte pas les heures et les revenus ne sont pas constants. S'installer pour un jeune paysan est un parcours de combattant et un choix des plus courageux. Il faut aimer vivre et travailler dehors par tous les temps, accepter les taches multiples, une présence permanente et peu de vie de famille, des revenus loin d'être en adéquation avec le travail effectué.




Je ne parle pas là des céréaliers de la plaine, des fermes d'élevage intensif, de cette agriculture intensive, productiviste qui ne porte plus guère que les valeurs du profit sans se préoccuper de la santé, de la neutralisation des champs, de la pollution générée laissée aux générations futures sans états d'âme. Ces chefs d'entreprise captent les subventions européennes et françaises dédiées et calculées aux hectares cultivés, à la production laitière dont les prix sont soumis aux grands groupes de transformation comme Lactalis (et d'autres) et où la production est indexée sur les prix du marché dictés par les spéculateurs des matières premières.
Nous sommes là loin de l'éthique des paysans qui veulent vivre leur vie tout en nourrissant la population en respectant la terre et les animaux.


                            


En 2050, on comptera 9 milliards d'habitants sur terre. Il faudrait aujourd'hui déjà 1,6 planète pour soutenir et continuer dans nos modes de consommation. Il y a une empreinte écologique indéniable et négative de nos modes de vie, il faut bien en être conscient. Il est impossible de poursuivre à ce rythme et de cette façon sans courrir à la perte de l'humanité d'une façon ou d'une autre. Le façon de vivre ici a des conséquences sur la vie là-bas. Exportations, importations, uniformisation, monopole des grandes centrales de distribution, apauvrisement de la biodiversité, captation des semences, nourrissage et épandage avec des intrants chimiques et des antibiotiques, des accélérateurs de croissance, …

Le réchauffement climatique est aussi un facteur important dans l'agriculture et on sait bien que le CO2 – le carbone – est le principal gaz à effet de serre (60%) qui est en cause dans les dérèglements . Mais notre “civilisation” de grande consommation fait que les marchandises sont dans les camions en flux tendu et nos routes sont de plus en plus des camions-routes, nos vallées, nos rues de village sont engorgées par ces mastodondes qui prennent les chemins les plus courts pour éviter péages et ...contrôles !

Il est grand temps de sortir des énergies carbonnées, de la domination des protéines carnées. Un hamburger de chez M...démolli la forêt amazonienne, notre réserve d'air pur planétaire.
Une transformation en profondeur est indispensable à très courte échelle afin de produire des aliments de bonne qualité, qui nourrissent la population, tout en veillant à réduire les émissions de CO2 (pas d'élevage intensif, pas d'intrants fossiles).
Il est grand temps aussi de ne plus s'en remettre aux multinationales productivistes “qui prétendent éradiquer la faim quand seul le profit les intéresse”.



Pour cela, il y a des pistes possibles, avec un réexamen du budget de la Politique Agricole Commune (la PAC) et l'attribution des subventions. On peut aider à la reconversion des agriculteurs (conventionnels) vers une production saine, de qualité et vers des circuits courts de distribution (AMAP, vente directe, regroupement des productions locales, …). Il faudrait aussi se tourner vers la production de protéines végétales en Europe au lieu d'en importer de ces pays lointains qui du coup servent l'exportation au lieu de cultiver des produits qui nourrissent leur propre population.
Et puis, il est tout aussi indispensable de réguler les marchés qui ont été abandonnés aux spéculateurs qui n'ont aucune notion agricole, qui ne voient que leurs profits et ceux de leurs actionnaires, peu importe le produit.


Nos paysans de montagne ne sont pas dans cette dimension mondialisée, nos maraichers ont changé d'échelle aussi et cherchent plus la distribution locale, directe en dehors des centrales d'achat qui imposent des prix invivables.
Mais c'est aussi à nous, consommateurs de devenir acteurs de ces changements souhaités, en réfléchissant bien à nos actes d'achat, aux lieux d'achat, aux contenus et à la qualité en privilégiant toujours la proximité et les modes de production.
 



Les responsabilités sont donc multiples, la conscience de chacun-e est éprouvée, nos choix déterminent notre façon de vivre et de penser.




             Merci Henri, Guillaume, Bernard, Jean-Louis et tous les autres ...