jeudi 9 juin 2016

EAU, ASSAINISSEMENT et....bonnes affaires !

Et voilà que ça recommence. Les sociétes de gestion de l'eau remettent la pression en arguant la mise en conformité obligatoire des installations d'assainissement non-collectif. C'est une vieille histoire qui date de pas mal d'années et qui revient à l'ordre du jour régulièrement, car c'est un marché juteux, il ne faut pas perdre de vue cet aspect.




Tout un chacun est de plus en plus sensibilisé sur son impact sur le milieu naturel et fait des efforts à sa mesure pour ne pas polluer ou le moins possible.
On peut trouver des produits d'entretien et de nettoyage très peu polluants par exemple et éviter de mettre dans les toilettes n'importe quoi... On commence à acheter des produits de saison et chez les producteurs locaux, on se déplace plus souvent en train/bus, en vélo ou on fait du covoiturage, on réduit sa consommation d'énergie par des gestes simples, on pratique le partage, les échanges de biens et de savoirs, etc...tout cela participe à la réappropriation de sa propre vie, de sa façon de vivre. 

Aussi, on commence à se méfier de plus en plus quand on nous dit qu'il est obligatoire de ceci et cela alors qu'on sent bien que derrière il y a des intentions essentiellement pécunières et de profits pour certains.
Il en est ainsi pour tout, car pour ces compagnies et groupes, tout est marchandise et peut rapporter gros. 
Actuellement dans la haute vallée de la Bruche où j'habite, la pression commence à monter sur l'assainissement non-collectif où l'obligation (?) de mise en conformité des installations est remise à l'ordre du jour. Ceci n'est pas nouveau, c'était déjà le cas il y a dix ans et plus...On remet cela sur le tapis car derrière il y a un marché juteux et des abus sérieux selon même la législation en vigueur. 
Pour y voir plus clair, je ne vais pas rentrer dans le détail, mais apporter cependant un certain nombre d'informations, d'arguments et même d'interrogations.




Il y a l'assainissement collectif pour pas mal d'habitations qui sont regroupées dans les villages et communes de plaine où elles sont reliées à un système de collecte qui va vers une station d'épuration collective. Ces habitations, leurs propriétaires, payent une fois pour toute le raccordementau réseau, puis une taxe/redevance mensuelle ou annuelle ou trimestrielle.
Et puis il y a l'assainissement non-collectif dans l'habitat dispersé et de montagne ce qui est le cas par chez nous. Là la situation est plus diversifiée entre les fosses septiques, les puits perdus, l'épandage, le rejet direct dans un ruisseau. Il est évident et nécessaire que chacun se préoccupe de son installation d'épuration afin de minimiser l'impact sur le milieu naturel (selon les produits utilisés et ce qu'on déverse dans sa fosse). Cependant, certaines installations fonctionnent bien, sont vidangées régulièrement et l'épuration naturelle fait qu'il n'y a pas de pollution avérée sur le bassin versant qui serait constatée en premier lieu par les pêcheurs des rivières de fond de vallée. 
Cependant, c'est un manque à gagner pour les compagnies qui ont la gestion de l'eau...et de l'assainissement (quand ce n'est pas une gestion communale). Alors les lobbys font leur travail auprès des parlementaires et élu-e-s afin que ceux-ci élaborent ou réactivent des textes obligatoires et des normes restrictives. Si le contrôle régulier (entre 4 et 10 ans) d'un point de sortie de l'installation d'assainissement non-collectif peut sembler raisonnable, l'obligation de mise en conformité de l'installation (creusement du sol, mise en place de cuves et de conduits,  traitements) aux frais de chacun est très contestable. Pourquoi obliger à tout cela quand une installation, un dispositif ne pollue pas de façon significative ? L'argument qui suit est financier : vous pouvez bénéficier de l'aide, de subventions de l'Agence de l'Eau et de l'Etat. Oui, mais cela veut dire payer deux fois car une partie reste à la charge du particulier et l'autre, ce sont des subventions d'argent public qui viennent d'où ? Vous payez à chaque facture d'eau une redevance à l'Agence de l'Eau et vous payez vos taxes et impôts. Donc vous avez déjà payé et vous payez une nouvelle part une deuxième fois ...
Bien sûr, la mise en conformité rapporte surtout aux compagnies qui sont "habilitées-agrées" pour la réalisation de ce type de travaux, leur entretien et traitement. Vous commencez à comprendre que derrière la pression d'obligation et le discours environnemental se cachent surtout des intérêts économiques.
Et puis pourquoi venir nous mettre la pression alors qu'il n'y a aucune pollution avérée ou problématique dans les sols et rivières de nos montagnes par ici. 

Soyons sérieux et posons-nous la question des priorités. Dans la plaine (d'Alsace) il existe encore des villages qui ne sont reliés à aucune station d'épuration et pourtant sous leur pied il y a la plus grande nappe phréatique  d'Europe, une réserve d'eau VITALE pour le plus grand nombre de la population. Il y a des sites industriels hyper polluants, des friches non-dépolluées, des activités industrielles très polluantes. Et puis, ne fermons pas les yeux : la plaine d'Alsace est devenue un maïs-land gigantesque traité aux nitrates, à l'atrazine , aux pesticides et arrosé en permanence. N'y a t-il pas là plus de risques à plus grande échelle de la pollution des sols et des réserves d'eau que dans nos montagnes ?
Et puis il y a l'aspect juridique. Redevance et taxe. Une redevance doit avoir un aspect de traitement égalitaire du service pour tous. Je ne vais pas rentrer dans le détail ici, mais cela peut être plaidé devant les tribunaux au cas où.



Il est donc urgent de ne pas trop se précipiter devant la pression et la présentation que veulent bien nous administrer aussi bien les compagnies délégataires ou privées que certain-e-s élu-e-s qui ne veulent pas prendre de responsabilités. 
C'est une problématique, un dossier qui touche, concerne tout le monde et tout un territoire, il doit donc être pris en compte à ce niveau et non pas individuellement. Mais on connait la méthode : diviser pour règner.
Les habitant-e-s qui subissent la pression doivent se regrouper en association et faire des démarches collectives afin d'obtenir des réponses et des solutions égalitaires pour tous.

Là où j'habitais avant cette question s'était déjà posée il y a quelques années dans les mêmes termes. Nous avons crée une association d'usagers et après quelques années obtenu gain de cause dans la rétrocession de la compétence aux communes avec comme seule obligation de pouvoir présenter à la Mairie tous les x ans un certificat d'analyse au point de sortie de l'installation ou du système d'épuration. Aucun tribunal n'a condamné qui que ce soit pour non-conformité car il aurait fallu prouver qu'il y avait pollution. Par ordre de priorité, si c'est pour un argument environnemental, il y a d'abord d'autres territoires à assainir et très vite. Autant ne pas dépenser les deniers publics pour enrichir des compagnies là où il n'y a pas urgence.

Dans tous les cas, aucune personne ne peut pénétrer sur un terrain privé sans autorisation signée d'une autorité assermentée et tout ce dossier de l'assainissement mériterait un débat public pour le moins et une information indépendante et circonstanciée. Ce qui n'est pas le cas pour l'instant.


à suivre....

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* le tarif du raccordement à l'assainissement collectif peut varier selon les communes, les intercommunalités. A l'époque (2010) c'était de l'ordre de 1000 € alors que la mise en conformité d'une installation non-collective pouvait se monter à 8000 € !!! 

Et on parlait déjà de taxer les personnes qui récupéraient l'eau DE PLUIE pour l'injecter dans leurs toilettes ou arroser le jardin !!!!!!!!!!! On est loin du bout. Tout est marchandise, je vous disais.
 

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