vendredi 13 mai 2016

COLERE, RAGE, VIOLENCE, REPRESSION...

Le PS est offusqué que des “casseurs” se soient pris aux permanences du parti et aux locaux de leurs élu-e-s. En même temps, ce parti au gouvernement fait passer la loi régressive sur les droits sociaux ( “loi travail Khomeri”) par la procédure sans débat et vote du “49.3”, chiffres largement tagués sur les lieux saccagés. Il y a du sens derrière cette violence matérielle.

On entend aussi tous les matins les médias de propagande nous gonfler les oreilles avec les “débordements violents” de bandes de “casseurs” (Black Bloc) autour des “Nuit Debout”.
Tout le monde a bien compris que le gouvernement veut mettre en avant une image de violence afin de décrédibiliser les mouvements sociaux en cours et justifier la répression à venir.



Cependant, ayant une certaine expérience des manifestations, des mouvements de protestation et d'actions militantes, je sais aussi voir les choses autrement. Ce qu'on veut nous présenter comme de la casse gratuite, de la violence dont il faudrait avoir peur, ne sont que des signes de révolte bien ciblés contre un régime financier, un système capitaliste, libéral, productiviste qui casse les individus et fragilise toute une partie de notre société.
Lorsque ce gouvernement (et le précédent)  aux ordres de la BCE-Commission Européenne-FMI (instances non-élues)  demande aux français (mais aussi aux grecs, aux espagnols, aux portugais, ….) de “faire des efforts” pour réduire la dette en éliminant les services publics ou en les réduisant de façon drastique, en précarisant l'ensemble des travailleurs, employés, fonctionnaires, etc... avec des lois de “flexibilité” pour améliorer la productivité, l'activité économique, la liberté des entreprises, mais surtout pour augmenter les dividendes des actionnaires et des financiers, alors il ne faut pas s'étonner qu'au bout d'un moment, trop c'est trop ! Surtout lorsque grâce à quelques rares journalistes qui font encore leur métier d'investigation et de quatrième pouvoir, on apprend les sommes estimées placées dans les paradis fiscaux pour échapper à l'impôt par les plus riches avec la complicité des banques et de cabinets d'avocats pour créer des “sociétés-écran”, alors on est encore moins étonné lorsque ces “casseurs” s'attaquent aux vitrines de la Société Générale, du Crédit Agricole, d'UBS et autres groupes financiers et aux symboles de ce pouvoir, de ces gouvernements qui ont usurpé la confiance, se sont reniés en permanence depuis des années en servant d'abord leurs intérêts avant ceux du “peuple”. On ne peut plus rejetter aujourd'hui l'idée que nous sommes dans une (nouvelle) lutte des classes où nous avons d'un côté une caste de nantis qui utilisent toutes les possibilités et les influences de leur milieu pour profiter au maximum de l'accumulation de richesses et de biens, et de l'autre, une population soumise à la peur du chômage, la peur du lendemain, la peur de ...la vie, sans espoir d'amélioration dans le modèle proposé et d'où sont évacuées toutes les alternatives qui pourtant commencent à se diffuser partout.

“Nuit Debout” sont bien les zones de rencontre des convergences de luttes, de partage de ces expérimentations de plus en plus généralisées sur une autre approche de la vie et du vivre-ensemble.  Six mois après les massacres, pas mal de personnes ont bien compris que le problème ne résidait pas dans la confrontation de communautés religieuses, mais bien dans les inégalités sociales et économiques de ce système du profit et de la productivité.

Quand on met alors ces actes de casse matérielle en perspective avec le modèle de société actuel, cela change complètement le regard porté sur ces évènements. Un exemple : lors d'une manifestation à Nantes, aux actualités du soir, les médias de propagande montrent une rue avec UNE voiture en feu. Les commentaires parlent de voitureS incendiéeS, alors qu'on n'en voit qu'une et que, si les autres sont épargnées dans le rue, celle qui brûle est une ...Porsche Carrera ! On peut bien sûr être offusqué par cette “violence” mais on ne peut que constater qu'elle est bien ciblée, sélective. 


Cette violence exclut l'atteinte à la vie des personnes et à leur intégrité physique. Vous me direz que ces groupuscules balancent des pierres et des cocktails molotov sur les forces de l'ordre. Celles-ci sont équipées de boucliers, d'un harnachement sécurisé, de bombes lacrymogènes, de fusils à balle de caoutchouc qui ont arraché un oeil à un manifestant non-violent. Il ne faut pas oublier qu'une certaine rancoeur s'est installée chez ces jeunes après les violences policières souvent gratuites en amont des évènements actuels ; souvenez-vous de la mort de Rémi Fraisse (à Sivens). Il suffit de regarder les images tournées par les manifestants (non-violents) sur leurs téléphones portables et mis en ligne sur les réseaux sociaux pour se rendre compte de la violence des “forces de l'ordre”. Et elles protègent quoi, ces forces de l'ordre, si ce ne sont les symboles du pouvoir. Un autre exemple : des syndicalistes se font lourdement condamnés pour avoir bousculé un dirigeant d'entreprise qui les a mis dans la précarité. Mais quand même, une chemise de patron, cela se rachète !!!
Il y a aujourd'hui une sorte d'état de guerre contre ceux qui sont dans la rue.
Et ce mouvement s'amplifie de jour en jour et s'inscrit dans la durée. S'il a démarré à l'initiative de la jeunesse qui est la plus touchée par ce qui l'attend dans ce monde violent néolibéral, elle devient de plus en plus  intergénérationnelle et gonfle car c'est comme un réveil après une longue période de coma et DEMAIN ne sera plus pareil.
Ce qui se passe est une réappropriation de la vie, des revendications fortes sur la dignité, la liberté, la justice dans les secteurs économiques, sociaux, écologiques, la distribution de la richesse, des savoirs, des biens, des pouvoirs, par la démocratie directe... 
Un autre monde est en marche et ce ne sont ni les violences répressives policières, ni les échéances électorales qui n'intéressent plus grand monde, qui vont arrêter le flux en mouvement.


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