dimanche 20 mars 2016

LA PROTECTION SOCIALE : UN FREIN A L'ACTIVITE ECONOMIQUE ?

Pour compléter ma chronique précédente sur la “loi travail” qui veut précariser encore plus en augmentant le temps du travail, diminuer les salaires, faciliter les licenciements, faire croire que protéger les salariés c'est un frein à l'embaûche et à la diminution du chômage massif, voilà quelques pistes que développe depuis un certain temps l'économiste Pierre Larroututou. **

1. Quand une entreprise, selon la “conjoncture”, a un effectif trop important, au lieu de licencier, elle diminue le temps de travail et les salaires, tout en restant ainsi “compétitive”. Cette baisse de salaire est alors provisoirement compensée jusqu'à une certaine hauteur (disons 95%) par l'Etat à travers l'Unédic. Cela se pratique déjà au Canada par exemple.

2. Les PME sont un secteur important de l'économie et sont souvent poussées à la faillite par les retards de paiements : les grands groupes, dont ils sont les fournisseurs et sous-traitants pour beaucoup d'entre-elles, font attendre ou ne paient pas leurs clients (lorsqu'elles disparaissent).
Là encore, lorsque la livraison est faite et que le travail n'est pas payé au bout de deux mois, la Caisse des Dépôts et Consignation (CDC, une des plus importantes banques au niveau européen) règle la facture à la PME et ses services juridiques se retournent vers le mauvais payeur.



dessin de Pat Thiébaut  www.lagitedulocal.com


3. Autre secteur sensible : la crise du logement. La construction, le secteur du bâtiment pourrait bénéficier du fonds de réserve des retraites. Cela pourrait créer des centaines de milliers d'emplois (au moins 200 000) sans augmenter la dette ou les impôts. Or , ce fond est géré par les banques et utilisé à la spéculation sur les marchés financiers. Il s'élèverait à 37 milliards !

4. Une idée portée par Les Verts depuis des décennies et jamais mis en oeuvre en France : le partage du temps de travail. Six millions inscrits à Pôle Emploi et de l'autre côté des salariés qui travaillent en moyenne près de 39 heures : si une entreprise passe à quatre jours et crée 10% d'emplois supplémentaires en CDI, elle ne paye plus les cotisations à l'assurance chômage (qui représentent 80 milliards par an). Passer à 32 heures par semaine pourrait créer près d'un million et demi d'emplois. Et probablement bien plus encore si les entreprises vont vers la transition énergétique dans pas mal de secteurs d'activité.


Mais on ne trouvera rien de tout cela dans la “loi travail”  de “ce gouvernement de gauche qui écrit avec la main droite” !


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                                          ** Interview de P. Larrouturou dans Politis n°1395  -17 mars 2016

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