lundi 11 janvier 2016

LA POLITIQUE, LA DEMOCRATIE, LES INITIATIVES CITOYENNES


ubiquité et retraite dorée
Quand on touche près de 14 200 € par mois de retraite et qu'on annonce une baisse de 30% sur son salaire de 5 300 €/mois en tant que président de Conseil Régional, est-on crédible ? La question est à la “Une” (janvier 2016) du magazine indépendant alsacien qui ose, Hebdi. Le conseiller régional de base, sans aucun autre mandat, touche 2 600 €. Mais la plupart ont au moins deux mandats...rémunérés et entre les vice-présidences, les commissions permanentes, etc...les outils offerts (Ipad et Iphone), la vie des élu-e-s n'est pas celle de l'artisan , de l'ouvrier, de l'employé, de....
C'est d'abord ce que voient les électrices et électeurs alors que ces élu-e-s leur assènent précarité, crise, augmentation des impôts, difficultés d'agir, diminution des aides...
C'est quoi l'exigence minimale commune ?  Un toit, un lit, un repas ? C'est quoi l'exigence minimale d'un-e élu-e ? Se maintenir - et pour cela aider son parti et en profiter-, accumuler les mandats pour augmenter ses “revenus”.
C'est caricatural ? Trop généralisé ? Peut-être. Mais demandez à n'importe qui autour de vous ce qu'il-elle pense des élu-e-s et vous aurez des réponses qui tournent autour de ces questions d'exemplarité et de responsabilité.
En ayant cotisé pendant 35-40 ans (et plus), pendant les plus belles années de sa vie, par son activité professionnelle, il me semble pour le moins légitime d'avoir une ristourne à la retraite d'un montant qui permette de vivre décemment. Entre 500 et 1200 € pour beaucoup de nos concitoyen_ne-s, est-ce “décent” ? Comment ces personnes considèrent-elles alors nos élu-e-s qui touchent 5 à 15 000 € par mois ? Et qui cumulent, quand ils/elles sont “en fonction”, plusieurs mandats exécutifs et rémunérés ...par les deniers publics ? Quelles idées peuvent-elles avoir sur la politique et sur les valeurs de notre République ? Liberté, égalité, fraternité ?

Qu'est-ce qui justifie ces montants, ce système ?
Ah, mais ils-elles (les élu-e-s) ont de “lourdes responsabilités”. Combien d'élu-es ont été condamné-e-s en responsabilité pour des faits pendant leurs mandats ? Quand il y a “faute”, l'Etat sursoit aux responsabilités de l'élu-e, représentant de l'Etat. Et un-e élu-e n'est pas seul-e. Il-elle travaille avec des services, des équipes, des fonctionnaires, des employé-e-s, nombreux. Un-e élu-e est censé NOUS représenter, agir et décider pour le bien commun, de tous. Il-elle écoute, étudie, prend des décisions, ce sont les services qui mettent en oeuvre. C'est donc ça ce qu'on appelle une lourde responsabilité. Mais, honnetement, comme “travail”, j'en connais des plus lourds, plus durs. Et vous aussi, j'en suis sur. Alors ?
Qu'un-e élu-e qui a un mandat unique et se consacre sérieusement à ce “travail”, en abandonnant son emploi, touche une compensation, une rémunération, rien de plus normal. Que le montant de cette rémunération soit au moins égal au salaire touché dans son emploi (avec un montant-plafond raisonnable), là encore, il n' y a rien de scandaleux (et pour cela il faut un véritable statut de l'élu-e, car à la fin du mandat électif, il-elle doit pouvoir retrouver un emploi et nécessite donc un accompagnement). Mais ce qui choque et ne se justifie pas, ce sont ces montants démesurés, ces disparités énormes, de 10 à 20 fois ce que touche la plupart d'entre nous.
Ce système fait que la politique a perdu sa fonction et est devenue un métier, pas “désagréable”, bien rémunéré (et meme très bien avec le cumul des mandats). Et pour grimper encore l'échelle de cette caste, il faut se battre - et donc se placer dans les partis – pour que ça dure avec la garantie d'une retraite sans soucis. Attention, je ne mets pas là-dedans tous les élu-e-s : vous le savez bien que je dénonce sans arret le cumul des mandats, car c'est la racine du mal ! Et donc je mets bien bien en cause les élu-e-s cumulards. Mais, ils-elles sont légion.


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politique, démocratie
 A partir de là, où est encore la démocratie ? Où se trouvent les valeurs de notre République ?
Nous vivons dans un pays où la politique au sens premier *** n'existe plus. Nous sommes dans son sens restreint : la pratique du pouvoir. Et, où la démocratie est absente, a disparu. Ou presque.
Il y a dans les communes, un conseil municipal élu par les habitant-e-s. Ce conseil élit un-e maire. Il-elle garde généralement son emploi (pour les “petites” communes) et touche, ainsi que ses adjoint-e-s, une rémunération qui couvre ses frais de représentation et de fonction (déplacements, habillement, formation, …). Normal.

La mise en oeuvre des actions communales et inter-communales sont pour la plupart prises dans le cadre des intercommunalités, les Com-Com ! Généralement, les maires ou/et adjoint-e-s sont les représentant-e-s des communes au sein des Com-Com. Et c'est dès cette étape que ça ….dégénère ! Car, la Com-Com se dote aussi d'un bureau : président-e et vice-président-e-s. Et ceux-celles là sont également rémunéré-e-s. Or, ils-elles le sont déjà en tant que maires et adjoint-e-s. Premier cumul. Admettons qu'on se déplace deux fois plus et qu'on use plus ses habits...Cependant, ça fait déjà tiquer un peu.
Ensuite...Ensuite, ça ne s'arrete plus ! On peut briguer un poste de conseiller départemental en plus. Ou conseiller régional. Ou député. Ou sénateur. Tout en gardant ses “titres” de maire, président (ou vice) de Com-Com. Sans compter que souvent , on y ajoute des présidences de Conseils ….divers.
Des lors, expliquez-moi comment on peut exercer correctement, honnetement, sérieusement à la fois, ses fonctions de maire (ou adjoint-e), député-e ou conseiller-e départemental-e/régional-e, président-e (ou vice) de Com-Com ? Je pense que chacun-e a sa réponse. Mais, les rémunérations s'additionnent, et là, ce n'est plus crédible. L'exemplarité de l'élu-e en prend un sérieux coup.  ****
Et l'idée de nos concitoyen-ne-s sur la politique découle (en grande partie) de cet état de fait qui ne risque pas d'etre remis en question puisque vous n'imaginez pas un instant qu'une loi modifierait en profondeur ce système vers un mandat unique et limité dans le temps. Les lois sont votées par qui ? Par les députés-sénateurs qui sont juges et..parties. Bref, un système étatique de conflit d'intérets. Ce n'est pas pour rien qu'on entend les mots de caste ou de clique quand on parle du milieu politique.

En élargissant, on entend aussi que droite ou gauche (comprendre, UMP/LR et PS), c'est pareil. Ils-elles (les élu-e-s) sont tous-tes pareil-les et meme la politique menée (économie, social, environnemental) c'est pour ainsi dire la meme. De toute façon, on n'a plus rien à dire, les décisions sont prises ailleurs et nous, on subit. Et quand on voit ce qu'on subit et ce que ces élu-e-s se mettent dans la poche...Et qu'est-ce qu'ils-elles ont fait, pour nous ?
Voilà où en est la politique aujourd'hui. Plus de débat idéologique, plus de projets fédérateurs, plus de démocratie. Oui, plus de démocratie. On n'en distingue plus que l'apparence. Et encore ! Chaque jour un peu moins, avec cette idée mortifère pour notre République de vouloir mettre dans notre Constitution fondamentale, l'état d'urgence (et tous les excès qui vont avec) et la déchéance de la double-nationalité. Quelle honte !
Plus de débats idéologiques, plus de lien social, plus de démocratie : c'est la porte grande ouverte vers le chaos, la fin des valeurs républicaines, l'aventure vers tous les excès. Regardons autour de nous à travers le monde et nous avons l'inventaire du pire qui peut nous attendre, sans oublier la mémoire de notre histoire récente.




demain  *****
Plus d'espoir ? Personnellement, à mon age et avec mon expérience, je dirai qu'il y a toujours de l'espoir parce que nous sommes des etres pensants, nous avons de la mémoire et une plus grande connaissance du monde. Si on ne peut plus rien attendre au niveau de ce système politique (il faudrait changer vers une sixième république avec un nouveau fonctionnement où le Parlement a bien plus de pouvoir, un statut de l'élu, la fin stricte du cumul des mandats, la proportionnalité,  une démocratie horizontale – ces points sont à développer plus longuement dans une autre chronique-), alors ilubiquité et retraite dorée faut agir localement, reprendre le pouvoir sur sa vie en se nourrissant localement, en produisant, consommant localement, en cherchant des autonomies énergétiques collectives, en créant du lien social, des échanges non-marchands (ou avec des monnaies locales), créer des lieux de décision et d'action collectives, des démarches collaboratives, des réseaux indépendants, ….Les exemples ne manquent pas, ici et ailleurs. Si on n'attend plus rien de là-bas, on peut par contre construire ici et mutualiser les ressources locales. On peut retrouver le sens (et l'intéret) d'une démocratie locale, de réaliser des projets locaux communs, de vivre mieux ensemble, ici.
Ce n'est pas du reve, c'est une réalité en marche, en mouvement et c'est sensible partout.

Pour que la politique plus générale retrouve une crédibilité, il faudra exemplarité et responsabilité. Et un sens moral et du bien public. On a entendu après les élections régionales de décembre dernier, des politiciens dire qu'ils avaient compris la leçon et que plus jamais, ils ne feraient de la politique de la meme façon. C'était en attendant le père Noel pour celles et ceux qui y ...croient. Qu'en reste-il aujourd'hui ? C'est comme la COP21 qui a eu lieu en meme temps, avec les memes resultats : des effets d'annonce, des intentions et la réalité d'un système qui n'est pas remis en cause...

Mais oui, il y a de l'espoir. Nous sommes dans une révolution culturelle de la société civile qui ne peut que constater l'effondrement du système politique actuel. Si la désinformation générale et la pauvreté nourrissent un racisme qui est dévoyé dans le fait religieux, ceux qui espèrent en tirer profit ne montrent pas une voie constructive, d'avenir, mais sont dans le meme schéma que ceux qu'ils dénoncent. Ce n'est surement pas dans le rejet ou le repli qu'il y a un quelconque futur changement. Ce changement viendra de nous tous, de notre façon de voir la vie ensemble, ce court passage sur terre. Changer nos comportements, nos façons de produire, de consommer, de vivre ensemble avec nos concitoyens, dans le respect de nos différences, dans la construction de projets riches de ce qu'on partage ensemble.

Continuons de dénoncer tous les abus, mais ne nous arretons pas aux constats, on peut agir localement, là où on vit dans une démarche démocratique, directe.






“ résister, c'est créer ; créer, c'est résister ” (Stéphane Hessel)
“ penser global, agir local ”                         (René Dumont)




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** HEBDI    seul magazine INDEPENDANT alsacien    www.hebdi.com
vous trouverez un article édifiant dans le N°74 de ce mois de janvier 2016 avec toujours les dessins de mes illustrateurs favoris, VEESSE et PAT Thiébaut...


*** “la politique... renvoie à la Constitution et ... porte sur les actions, l’équilibre, le développement interne ou externe de la société, ses rapports internes et ses rapports à d'autres ensembles. Elle  touche principalement ce qui a trait au collectif ...dans tous les domaines d'une société (économie, droit, sociologie, etc.) “ (WIKIPEDIA)

**** en 2017, la loi sur le cumul doit etre appliquée. Mais, elle est loin d'etre très restrictive. Elle ne limite que les pouvoirs ...executifs.  Adjoint, vice-président ne le sont pas...

***** Titre du film à voir actuellement au cinéma (et qui explique les initiatives citoyennes)

en février, au cinéma LE ROHAN à Mutzig

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