mercredi 28 octobre 2015

Région...AL..CA !


“Seuls sont mis en avant les PARTIS et plus un mot sur les bilans des Conseils Régionaux sortants et pas un mot sur les programmes. On vote donc un parti, pas vrai ? Autant dire qu'on n' a plus de raisons d'aller voter alors....”
C'est ce que j'écrivais il ya quelques jours sur ma page FB.

J'aimerai pourtant aller voter, pouvoir choisir des contenus, un programme d'engagements pour la durée du mandat à venir, faire un minimum “confiance” à des personnes nouvelles qui ne seraient que des représentant-e-s de groupes, d'associations qui les auraient désigné-e-s (ou voté-e-s) largement après un réel débat démocratique. Mais bon, il faut arrêter de rêver, en France, on est encore loin de pouvoir aller vers une démarche collective, horizontale, démocratique avec des représentant-e-s tiré-e-s au sort...et qui s'engagent à tout faire pour mettre en place des projets radicaux dans les domaines social, économique et environnemental.



Et pourtant, ces derniers mois, on a des exemples de frémissements européens qui pourraient être encourageants : Espagne, Portugal, Grêce, Angleterre et même Italie...même si Pologne et autres pays de l'Est retournent vers un enfermement, un conservatisme d'un autre siècle...

Qu'est-ce que cela a à voir avec les prochaines élections régionales où le débat devrait se situer autour d'une vision pour les années à venir et les choix à faire, sur les relations entre régions et Etat et sur le fonctionnement interne des Régions avec les Communautés de Communes.
Mais ça c'est ce qui devrait se faire...ou aurait du se faire en amont de ces élections. Or dans chaque parti, chacun est parti seul, avec ses “têtes” et dans une campagne classique de réunions qui dure un mois ou quelques semaines et qui s'adresse à des gens déjà convaincus alors qu' une vrai démarche citoyenne de construction devrait se reposer sur les associations locales, un débat, des discussions et des plate-formes programmatiques élaborées doucement, dans le respect de chacun-e, sur une durée longue d'élaboration qui permettrait de valoriser et mettre en commun ce qui l'est et de continuer à débattre sur les sensibles différences d'approche sur certains points.
Certain-e-s ont mis en oeuvre cette démarche dans certaines régions du Nord au Sud et l'avaient déjà fait avant les municipales comme à Grenoble et ...ailleurs. Aujourd'hui dans ces régions, il y a un Front de Gauche qui réunit aussi bien des militant-e-s du Parti de Gauche, du PC, d'Ensemble, de Nouvelle Donne, des Alternatifs, d'EELV que des citoyen-ne-s actif-ve-s de ce qu'on appelle la société civile, des personnes impliquées dans des associations locales. Ce nouveau pôle est ce qu'on peut appeler une gauche non-gouvernementale, anticapitaliste, radicale dans ses approches sociale, économique et environnementale. Si elle n'est pas encore en mesure de remporter la gouvernance des régions (bien que des villes ont été conquises), cela préfigure un espoir pour beaucoup de personnes qui ne voient plus que l'abstention ou le vote blanc comme perspective électorale quand ils-elles ne veulent pas adopter le vote de protestation.

Alors ?
Alors, nous sommes en Alsace, nous rentrons en janvier dans la grande région Est et ce qu'on nous propose comme choix électoraux pour ces Régionales de décembre est le remake de ce qu'on connait depuis des lustres, tout ce qu'on ne veut plus, tout ce qui est décrédibilisé, tout ce qui représente le conservatisme, la peur du changement, tout ce qui rappelle les pratiques du siècle dernier, ces arrangements entre coquins dans un club de cumulards et de politicien-ne-s de “métier” prêt-e-s à toutes les compromissions pour garder des postes. Les stratégies sont connues : partir seul au premier tour, faire des arrangements pour s'acoquiner avec des “partenaires” au deuxième tour pour gagner/conserver quelques postes rémunérés d'élu-e.
Ainsi, l'UDI et Modem se sont toujours mis avec l'UMP-LR, EELV (et aussi UDE vous savez ces opportunistes qui se nomment Union des Démocrates et Ecologistes ! ) se rangent du côté du PS dans pas mal d'endroits dont la région Est.
Ce bipartisme est malsain, empêche tout débat, conserve les mêmes (cumulard-e-s ) au pouvoir de façon quasi immuable. Le taux d'abstention est révélateur de ce rejet. Le FN n'est là que pour capter tous les déçu-e-s, les aigri-e-s, les revanchard-e-s, les opportunistes qui cherchent à se recycler avec quelques convaincu-e-s idéologiques qui ont la nostalgie d'un parti populiste et dictatorial qui pourrait émerger des ruines des autres partis en déliquescence.





Pourquoi en Alsace (ou région Est) ne peut-il pas y avoir un pôle à gauche pour contre-balancer le choix FN tout en rejettant UMP-LR et PS dans leurs arrangements aveugles ?
A partir du moment où EELV a décidé de sa tête de liste, la porte était fermée pour élaborer un véritable projet régional inovant et différent adapté à l'attente et aux préoccupations réelles des habitant-e-s des territoires...ruraux ! La méthode n'est pas rassembleuse, les résultats sont connus pour ainsi dire car le scénario est identique à chaque fois.

EELV fera 5-9%, Front de Gauche fera 7-10% ...PS autour de 15 % et UMP-LR et FN autour des 20 %......des électrices et électeurs qui se déplaceront encore dans les lieux de vote c'est à dire un pourcentage très minime des inscrit-e-s. Ce qui limitera aussi la légitimité des élu-e-s. Ce dont ils s'en foutent royalement car une fois élu, on a tout ce qu'on souhaitait,  pas vrai ?
Au deuxième tour, EELV ira avec le PS et on se retrouvera avec les triangulaires habituelles et au final, la même chose, la même représentativité que la dernière fois… Magnifique !

Le temps passe, la vie s'écoule, les déceptions augmentent, les rejets s'amplifient et les humains restent figés dans ce qu'ils sont (en tout cas ceux et celles qui ont des ambitions politiques).

On ne peut que regretter que ce qui bouge ailleurs n'arrive pas jusque dans notre région, refermée sur son passé, rigide dans son conservatisme, prétentieuse dans son affirmation de grandeur (...passée) et sourde aux changements, aux innovations qui peuvent pourtant apporter pas mal de choses positives à tous les niveaux.

Mais pour cela il faut d'abord se changer soi-meme et avoir des projets de vie, pas de projets de « carrière »...Et ça c'est une autre histoire.

Cependant, l'avenir n'est pas écrit et les initiatives et changements se font aujourd'hui en dehors de la vie politique, sans les politiques….et les élu-e-s ou prétendant-e-s dans leur grande majorité ne l'ont pas encore compris, senti ou vu. C'est pour cela qu'ils-elles sont d'un autre temps, d'un temps passé, ils-elles ont peur de toute remise en question, de tout changement, peur de se retrouver face à soi-meme dans un autre temps de vie et à nouveau anonymes….

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Notes complémentaires :
j'ai bien suivi les débats télévisés des « têtes de listes » de la région Alca ou Acal ou …..Mais qu' y a-t-il de neuf ? Rien, absolument rien, on pourrait reprendre les archives de l'élection précédente et comparer les contenus….Tout le monde est écolo, tout le monde se bat contre le chomage, tout le monde veut de la productivité pour créer de l'emploi, etc...Il n'y a que la façon et l'ordre d'importance qui varient...et encore ! Et ces débats vont-ils influer les votes ? Et les réunions publiques ?
Je continue à croire que seule la présence permanente sur le terrain, l'organisation régulière et continue d'animations diverses, le travail au sein des associations peut être traduit positivement dans les urnes pour les élections locales (et même nationales).
L'apparition médiatique ou ponctuelle avant les élections est mal-perçue, semble opportuniste et peut même provoquer un effet repoussoir parfois.
Sans implantation locale, rurale, aucune chance de progresser, de renverser le conservatisme légaliste qu'on nous a mis dans la tête depuis l'enfance par ici….

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       Les dessins sont de Pat Thiébaut (Still) et Phil Umbdenstock (Colmar).

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