lundi 21 septembre 2015

GRECE : entre propagande, réalités et espoirs



Les élections législatives (les deuxièmes depuis janvier) ont eu lieu hier en Grèce. “Le grand réveil de la droite” psalmodiait BFMTV les jours d'avant. Les résultats ne laissent aucun doute là-dessus !!! Les chantres de l'information, mais surtout de la propagande de la droite française, se sont une fois de plus plantés royalement et ils ont du mal à rattraper le coup ce lundi matin en disant : ...”mais ils n'ont pas la majorité absolue “ , “il y a eu un grand taux d'abstention !”
Mais les faits sont là. Le nombre de députés au Parlement grec est de 300. Syriza en obtient 145 et son allié au gouvernement depuis janvier, ANEL, souverainistes grecs indépendants en obtient 10. Ce qui fait bien une majorité. Et cela malgré le départ de Syriza (le parti de la gauche RADICALE, celui d'Alexandre Tsipras) de quelques ex-compagnons qui ont formé l'Unité Populaire mais qui n'a pas passé la barre des 3%. L'opposition de la droite  “réveillée” a perdu un député et se retrouve avec 75 députés et le parti d'extrême-droite Aube Dorée (qui a gagné deux députés) est à 19 (sur 300).
On peut donc bien affirmer haut et fort que Alexandre Tsipras est conforté dans son rôle de premier ministre, chef de gouvernement, après les élections de janvier, le référendum de juillet et ces nouvelles élections législatives de ce 20 septembre. Si ces trois votes démocratiques ne suffisent pas aux instances européennes et au FMI pour lui reconnaître une immense légitimité, je ne vois pas ce qu'ils attendent. Ils ont eu trois claques en quelques mois. Je pense que cela leur suffit. En fait, ce n'est même pas sûr, on le sait bien : ils ne veulent pas que l'exemple grec se diffuse en Europe car cela ferait chavirer le pouvoir de celle et ceux qui croient détenir les clés de l'Europe libérale contre les régions et peuples d'Europe.
Une fois encore la propagande n'a pas suffi, mais elle est aujourd'hui évidente et bien ciblée. Pour exemple, le dernier sondage BFMTV-Odaxa donne Marine Le Pen  à la tête de la Région Nord-Pas de Calais, comme si les élections de décembre avaient déjà eu lieu. Oui l'abstention a été importante en Grèce avec cette troisième consultation électorale en quelques mois. Mais le France peut se regarder en face car l'abstention y atteint aussi des sommets et on fera les comptes en décembre lors des élections ...régionales ! 



Oui, les réalités des problèmes grecs sont là et bien existants et il n'y a personne pour les nier, les occulter. Mais ce sont les résultats d'une politique qui remonte à des années en arrière et à l'étranglement des institutions européennes qui veulent achever la Grèce et montrer au reste de l'Europe qu'il n'y a que la politique libérale qui est acceptée par ces instances non-élues qui dirigent le continent. Alexandre Tsipras est le chef de file d'un parti qui est la gauche radicale et qui est arrivée au pouvoir et y a été confortée par le vote d'hier. Inacceptable pour la Troika (BCE-Commission-FMI). Car il y a des élections législatives en Espagne bientôt et Podemos peut créer la surprise comme aux récentes municipales où ils ont emporté plusieurs grands villes. Il y a l'Italie qui a un passé tumultueux aussi, pendant que la France observe et essaye de créer un pôle alternatif à  la gauche de gouvernement pour proposer une autre offre programmatique que le vote protestataire du FN. Oui, le gouvernement d'Alexandre Tsipras a du travail et ne sera guère soutenu, mais il est en position de force et renégociera sa dette très sûrement et apportera du positif dans les quatre ans qu'il a devant lui. On fera le bilan à ce moment-là.



Espoirs ! Depuis janvier, je n'arrête pas de dire que l'exemple grec est révélateur par la mise en lumière des rapports de force en Europe, pour avoir bien montré à tout le monde que les gouvernements des pays européens ne sont plus maîtres du jeu, que les pouvoirs décisionnels sont supra-nationaux et aux mains de personnes non-élues, que l'idée d'une Europe démocratique des régions et des peuples a été bafouée et visiblement, que les grecs nous ont donné une grande leçon, mis en débat la question de la gouvernance européenne et de l'idée qu'on en avait, confrontée à ce qu'on y a laissé se développer sans broncher. La question des accords commerciaux TTIP-TAFTA Europe-USA actuellement en cours doivent nous mobiliser pour les contrer et quand on voit l'opacité comment elles sont négociées et sur quoi, on peut sérieusement s'interroger sur ce qui va nous arriver dans notre vie quotidienne bientôt s'ils devaient être signés. Qui est au courant exactement de ce qui se trame là ? C'est un autre débat ? Pas tant que ça...Car ce qui arrive à la Grèce est révélateur et n'est qu'une étape. Autant bien se le mettre dans la tête  tant qu'il est encore temps...
Espoirs, oui. Depuis janvier, je sens cette énergie de révolte, de résistance contre ce monde dérégulé, libéral économiquement, qui fait fi des gens. Cette énergie, cette résistance s'expriment sous différentes formes, tout près de nous dans de multiples initiatives et plus loin, mais pas tant que ça. Je sentais que Tsipras, et Syriza (venus de nulle part) étaient là pour nous révéler un certain nombre de choses car leur arrivée sur la scène internationale était totalement imprévisible. Et pourtant ...Alors, il faut chercher du sens et du sens ,il y en a , en plus de l'espoir. Je n'étais guère pessimiste comme mon voisin grec, Yorgos ou encore Marc, qui parle grec et est amoureux de ce beau pays. Je sentais que le référendum confirmerait le vote démocratique de janvier et je sentais que malgré tout ce qu'on disait le peuple grec n'allait pas lâcher Tsipras car il est l'espoir de quelque chose de nouveau et son courage a été visible pour tout le monde pendant les mois de lutte politique où la Troika voulait l'éliminer comme une parenthèse, une erreur de casting. Je le sentais et j'y croyais. Je ne veux guère me vanter en disant cela, mais simplement faire comprendre que beaucoup de gens sont dans une énergie de changement et du progrès pour les gens, que l'humain n'est pas mort, qu'il y a une volonté, un désir de revenir à ces valeurs et a du lien social et que même si beaucoup se sentent démunis politiquement, ils continuent à y croire pour leur vie, pour ce quotidien qu'ils subissent mais qu'ils n'acceptent plus. Le changement de civilisation est en route, les signes sont là et cela n'a rien de mystique ou de “christique” comme se moquait de moi récemment un militant du PS, jeune prof d'économie (et bien "formaté"). Il y a peut-être celles et ceux qui savent voir les signes et d'autres qui sont plongés dans les faits du passé qu'ils croient éternels ou modèles reconductibles à souhait...

La Grèce nous éclaire. Ce peuple brisé économiquement par leurs gouvernements corrompus successifs montre l'exemple, ne baisse pas les bras car ils n'ont plus rien à perdre dans la misère générée à grande échelle. Et quand l'espoir est là, on lui donne une chance.

L'avenir n'est pas écrit !

jeudi 17 septembre 2015

VENDANGES DES ...IMPOTS

Actuellement, et c'était précoce cette année, c'est la pleine période des vendanges dans le vignoble alsacien tout près de chez moi. Pour l'Etat, les départements et les communes (et intercommunautés), c'est également la période des vendanges et nous voyons toutes et tous apparaitre dans nos boites aux lettres les fiches des finances publiques : taxe foncière et bientôt taxe d'habitation-redevance TV....




A ce qu'il parait, les impôts ont diminué pour 8 millions de personnes. J'ai toujours pensé que les impôts étaient une contribution pour la solidarité nationale en fonction des services publics dont nous bénéficiions toutes et tous : santé, éducation, transports....
Cette contribution pour être JUSTE (et acceptable) doit être équitable et en fonction des revenus de chacun-e. Force m'est de constater ces dernières années une dérive qui n'arrête plus. Il y a de plus en plus de déductions d'impôts selon des situations que je ne vais pas énumérer ici, mais qui ressemblent à un schéma du genre : plus j'ai de l'argent ou des biens et plus je peux déduire...

Je suis retraité de la fonction publique donc loin d'être cadre à la retraite. Sur douze mois de pension, deux mois sont ce que je paye à l'Etat, au Département et à la commune en impôts directs à travers la taxe foncière (+10% en 3 ans) et la taxe d'habitation qui passe de 430 € dans la maison louée en 2011 à 1050 € dans celle où on habite en 2014. 
Je ne veux pas ici me plaindre ou faire un plaidoyer contre l'impôt, mais juste bien faire comprendre que la classe moyenne, les retraités sont des bons contributeurs et qu'on peut se permettre de dénoncer au quotidien toutes les dépenses publiques excessives : projets inutiles, cumuls des mandats, dépenses de fonctionnement des institutions et de représentation et je pourrai continuer ainsi la liste...qui permettraient de faire des économies. 

Or le choix, les choix de nos politiciens ne vont pas dans ce sens du tout, mais plutôt d'attaquer la santé, l'éducation, les transports etc...en disant que le problème budgétaire vient de là et qu'il faut aller vers une privatisation, encourager des mutuelles complémentaires, des systèmes d'assurance privés, la concurrence dans les transports publics, une plus grande contribution des parents dans l'éducation (péri-scolaires), etc...
Bref, là on est dans des choix différents, des choix éminemment politiques. Alors dire que les impôts baissent et en même temps poursuivre cette politique, cela ne tient pas la route, n'est pas cohérent sauf dans une perspective libérale. Ce qui pourrait sous-entendre qu'en acceptant sans rien dire, cela ferait de nous quelque part des complices de ce système pervers depuis 2008 ou bien plus... Faire des effets d'annonce de baisses d'impôts confrontées à la réalité des chiffres et la sociologie des personnes concernées ne va pas redorer le blason de ceux qui jouent à ce jeu médiatique de dupes. Nous ne le sommes plus et depuis un moment.
Ce système s'emballe et pas depuis hier et va droit dans le mur avec des déceptions au quotidien qui ne peuvent amener que le chaos. Et la "crise" est profonde car elle touche tout le monde, par la TVA, la précarisation des emplois, le manque d'innovation et la lâcheté politique de changer de logiciel en se repliant sur les avantages et qu'ils perdurent encore le plus longtemps possible avant. Avant quoi ?



L'injustice aujourd'hui devant l'impôt, l'inégalité, les dépenses inutiles qui perdurent, les avantages qu'on ne veut pas lâcher, tout cela contribue à un climat social exécrable, à un rejet général qui est un réel danger pour la démocratie et la République. Ne pas s'en rendre compte est mettre la tête dans le sable...

Cet exemple d'impôt est aussi une réflexion sur la monnaie, la finance, le pouvoir et la valeur dominante de l'argent, culturellement et dans notre dépendance consumériste. De plus en plus on parle de monnaies autres, d'autres système d'échanges pour une économie localisée. Ce n'est pas pour rien et il faut creuser et se rapprocher de ces initiatives qui préfigurent peut-être une autre société. 
L'histoire récente de la Grêce, le comportement des banques centrales, du FMI, de la Commission Européenne nous ont bien fait comprendre quelle Europe ils souhaitaient nous imposer. Ce n'est sûrement pas celle que nous souhaitons. Le repli sur soi est donc presque légitime et un retour vers d'autres système d'échanges (monétaires) aussi. Il faut y penser, l'envisager, s'en rapprocher. L'avenir n'est pas écrit...

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En France chaque année l’évasion fiscale fait perdre 60 à 80 milliards d’euros au Trésor public. C’est de l’argent volé dans la poche de chacun, volé sur le bien public, sur l’activité, sur l’emploi, sur la santé, sur les retraites, sur l’éducation, sur nos vies.

                         les dessins sont de PAT Thiébaut     www.lagitedulocal.com

vendredi 11 septembre 2015

UNE FORCE POLITIQUE CITOYENNE EN DEHORS DES PARTIS

Béatrice, féministe, militante de “gauche” de longue date, était désemparée autour de cette table où on fêtait l'anniversaire d'une amie dans un jardin magnifique en pleine ville. Désemparée et démunie quand elle évoquait les années à venir et plus particulièrement les prochaines Présidentielles à l'orée de 2017.
Vous n'avez pas été sans constater que la campagne politique a commencé déjà. L'ex-président dans son style habituel (non, il n'a pas changé) fait une annonce par jour pour être présent médiatiquement dans les journaux et chaînes TV qui lui sont acquis. Marine surfe sur la vague bleue afin de ne pas se ramasser avec quelques affaires financières qui la suivent, sans compter les affres connus de son “Pôpa”. Le gouvernement PS est aux affaires et après le rejet Sarkozy de 2012, l'espoir d'un changement en est juste resté au style, car question contenus, on ne voit guère la différence et surtout les reniements et renonciations, par rapport au programme électoral annoncé il y a trois ans, sont légion.
Au moment des Municipales, il y a eu l'exemple surprenant de Grenoble et surtout Podemos et Syriza au niveau européen. Non, je ne vais pas occulter la montée en puissance de Mélenchon, mais il faut bien reconnaître que le soufflé est bien retombé depuis qu'il a fait connaître sa vision amère et défaitiste de l'Europe. Et meme si cet homme est intelligent et au fait des dossiers avec des analyses pertinentes, il n'en est pas moins vrai que son “charisme” ne passe pas très bien et ses coups de gueule sont peu appréciés.
Aussi, sa désespérance, je la comprenais et je pourrai la partager. Mais je suis optimiste dans le sens où l'avenir n'est jamais écrit (même si on dit que l'histoire se répète !!!) et que les changements sont souvent venus de minorités agissantes. Je vois plein d'initiatives locales un peu partout où “les gens” se réapproprient leur vie, mettent en place des réseaux d'échanges afin de sortir de plus en plus des systèmes marchands habituels, privilégient les circuits courts et la production locale avec de plus en plus une prise de conscience “écologique” des ressources limitées et de la fragilisation de la planète par nos comportements consommateurs et les profits comme seul horizon.



Pourquoi des “gens” qui font les mêmes constats sur la décrédibilisation de la politique, qui sont perdus dans les choix à prendre (lors des élections), pourquoi n'arrivent-ils pas à se rassembler pour créer à nouveau de l'espoir, construire un nouveau projet de société, offrir une alternative électorale plausible à gauche maintenant. Pourquoi ? C'est cette question et une sorte de réponse négative implicite qui faisaient ressortir sa désespérance.
Moi je ne me laisse pas perturber par le discours habituel de l'épouventail et du vote “utile”. On nous l'a déjà fait à plusieurs reprises et M. Valls peut “exiger” et “menacer”, il n'est guère impressionnant. S'il faut même passer par une (courte) période  de chaos ingouvernable pour prendre conscience réellement qu'il est temps de changer les institutions de la Vème République du siècle dernier, cela non plus ne me fait pas “peur”.
Par contre, et là, je suis au diapason avec elle, il faut construire une alternative politique crédible,  élaborer un autre projet de société avec tout ce qu'on sait aujourd'hui par nos expériences et vécus des un-e-s et des autres. Pour moi, longtemps militant et dans les instances, le projet radical du parti Les Verts qui était en résonnance avec mes convictions profondes ne demanderait qu'à être réactualisé et enrichi par les apports multiples d'autres activistes et citoyen-ne-s engagé-e-s dans toutes sortes d'initiatives locales et de combats contre les projets inutiles, de personnes critiques et assez clairvoyantes pour voir que le capitalisme-libéralisme débridé, décomplexé arrive à son terme.
Pour cela, il faut partager, échanger, faire preuve de démocratie et d'écoute et trouver les personnes représentatives. Qui pourrait s'inscrire dans cette démarche et la personnaliser au moment de la (prochaine) démarche électorale présidentielle ? On pourrait imaginer au-delà de “primaires” un système de tirage au sort, mais pour le moment, je pense que l'acceptation générale de ce système de désignation n'est pas encore acquis. Alors qui ?




Avant de donner des pistes dans ce sens, je crois que avant tout c'est le fond (le projet, le programme) qui est le plus important et la forme pour arriver à le construire ensemble. Il y a des choses qui bougent, des lignes de blocage qui sont franchies, des volontés qui s'expriment. Il y a de l'énergie dans l'air et le retour à la conscience des biens communs de l'humanité. Peut-on privatiser l'eau  par exemple ? Peut-on avoir la main mise sur toutes les semences nouricières de la planète, autre exemple ? Et je ne vais pas faire là un inventaire exhaustif. Mais je pense que vous avez compris le sens.

Je vais arrêter là cette réflexion, mais - et je sais que vous allez dire que je (re)deviens sectaire – je pense que les contenus du nouveau livre *** de Cécile Duflot, enfin libérée par les départs de la clique carriériste ambitieuse, apporte une contribution et des perspectives intéressantes et ancrées dans ce nouveau siècle. Bien sûr, personne n'est dupe et comprend bien qu'elle est dans la perspective de 2017, mais qu'y a-t-il de scandaleux là-dedans ? Est-elle moins légitime que Ségolène Royal à l'époque ou Jean-Luc Mélenchon encore récemment ? Dans sa jeune carrière politique, dans sa région, elle a quand même à son actif, deux réalisations indéniables : la pass de transport collectif Navigo à tarif unique et l'encadrement des loyers. Et ça ce n'est pas négligeable pour les quelques millions de personnes qui habitent l'Ile de France.
Alors oui, elle fait partie des personnalités qui peuvent apporter pas mal de choses dans cette nouvelle démarche, cette autre offre politique. Il reste du temps pour voir si cela prend forme et comment.

Voilà qui peut mettre quelques couleurs dans la désespérance de Béatrice, mais aussi de beaucoup, beaucoup de personnes qui ont conscience d'un changement de civilisation en cours et de l'effondrement des modèles du siècle passé.







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***   Cécile Duflot     “le grand virage”   /  éditions Les petits matins

dimanche 6 septembre 2015

"EASYJET" DE LA ROUTE !



Je sais que je vais être à plein contre-courant de l'actualité de ces derniers jours en ne parlant pas des welcome refugees”. Mais que peut-on commenter devant cette vague des migrants qui a commencé il y a déjà un moment par les “boat people”, pour celles et ceux qui se souviennent. Le flux n'a pas arrêté depuis et il a fallu une photo d'un enfant échoué sur une plage pour une prise de conscience large. Mais on oublie ceux d'autres continents, d'autres pays et tous ceux qui suivront. Car s'il y a des réfugiés politiques, il y a et il y aura de plus en plus de réfugiés climatiques dans pas très longtemps par la désertification de régions entières sur cette planète, conséquence du réchauffement global, conséquence d'un capitalisme aveugle basé sur le seul profit. On peut ne pas être d'accord avec ce que j'avance, mais il y a des faits qui sont incontournables. Autant ne pas les occulter pour ne pas être démuni bientôt.

J'aurai pu parler aussi de ces milliers de tracteurs outildes agriculteurs roulant sur Paris et qui défendent leur outil de travail ! Mais de quelle agriculture parle-t-on ? Des céréaliers hypersubventionnés, des éleveurs industriels des fermes-usines hors sol ? De la production intensive à coup d'intrants chimiques, de pesticides qui impactent la santé publique ? Des distributeurs qui imposent leur prix et donc les pratiques de production ? Ou des paysans respectueux de la vie animale, des produits maraichers, laitiers distribués difficilement localement. De celles et ceux qui ont encore le sens de nourrir correctement les gens. On pourrait là aussi ouvrir un long débat tant on amalgame tout afin de ne pas aborder les problèmes de fond.


Je voulais aujourd'hui prendre un détail révélateur de comment on peut voir les choses (positif ou non) selon le point de vue où on se place.
La loi Macron ouvre un nouveau (?) marché concurrentiel : les bus à bas coût, l'Easyjet de la route ! Les prévisions de chiffres font “rêver” (4 millions de voyages, 130 liaisons sur 46 destinations pour la filiale bus de la SNCF “OUIbus” qui remplace iDbus). La SNCF achète quelques bus, les autres (80%) sont sous-traités aux autocaristes (et cela ne crée donc que très peu d'emplois). Bas prix et confort maximum décliné sous quelle façon ? Wifi gratuite, prises électriques, sièges inclinables et écartables, climatisation...La concurrence existe pourtant depuis un moment avec Isilines, Flexbus, Eurolines, Mégabus, etc...



Alors, ce sont quoi les avantages ?

Premièrement, on nous présente cela comme une avancée écologique puisque c'est un transport collectif qui va réduire le nombre de voitures individuelles sur les routes. On ne rigole pas ! On va même jusqu'à nous promettre que bientôt ce seront des autobus...électriques ! Tout le monde sait maintenant que l'électricité française est produite en grande partie par les centrales nucléaires vieillissantes, mais...décarbonées ! Non, on ne va pas recommencer le débat sur les déchets nucléaires....et la sécurité ! Mais ces bus ne roulent pas que pendant les départs en vacances, mais toute l'année et donc, je ne pense pas que cela va désengorger les routes déjà transformées en camionroutes toute l'année...
Ensuite, les lignes vont desservir des territoires où le train ou l'avion ne va pas. Regardez les lignes proposées et vous comprendrez que cela ne tient guère la ...route.
Cela va permettre à plein de gens -qui ne peuvent se payer le train ou l'avion- de voyager et de partir en vacances.  Et sur place de s'alimenter dans les marchés des campings où les prix sont...prohibitifs. Je sais, j'ai l'esprit mal tourné.

La SNCF a supprimé plein de lignes Intercités, ne pratique pas du tout une politique générale de baisse des prix du train et se donne bonne conscience (écologique) en développant l'offre en autobus. Je ne vais même pas parler du facteur temps puisqu'il est évident. Mais en même...temps, on dépense une fortune pour réduire de 20 minutes des trajets TGV déjà très performants. L'économie sur ces investissements aurait pu réduire les coûts des billets, non ?

Cela profite à qui ?

Il faut toujours se poser la question quand des “nouveaux” marchés s'ouvrent. Bien sûr, on met en avant que la concurrence profite toujours au consommateur, comme tout le monde le remarque au quotidien, pas vrai ? Mauvaise langue encore , je vais vous dire que l'entente sur les prix des opérateurs-distributeurs est aussi une pratique commerciale connue et souvent dénoncée par les associations de consom-acteurs. Alors ?
Implicitement vous avez compris que cela masque surtout le désengagement de la SNCF sur des destinations peu “rentables” et réduit encore plus la notion de service public des transports. Cela est aussi le cas sur le ferroutage pour le transport des biens. On parle de sécurité routière, on multiplie les radars “caisses enregistreuses de l'Etat”, mais en même temps, on ne réduit ni la circulation des camions (pas d'écotaxe, pas de ferroutage) et on va encore en rajouter une dose avec la démultiplication des autobus au quotidien sur les axes routiers. Logique, non ? Cohérence d'une politique globale des transports. Le lobby des transporteurs est content, ils ont accès à un nouveau marché sous-traitant. Les pétroliers sont contents, la consommation est assurée même si les réserves naturelles s'amenuisent. Les autoroutiers sont contents, le trafic augmente aux péages. Et vous ?
Je suis convaincu que pour les prochains déplacements, vos prochaines vacances, vous allez utiliser ce nouveau “service” low-cost, pas vrai ? Par conviction écologique, par éthique, par économie de dépenses, pour maintenir l'emploi, pour....pour...





L'excellence environnementale est en bonne voie, exemplaire....à la veille de la Conférence Mondiale sur le Climat (COP 21).