lundi 6 juillet 2015

C'EST CONTRE L'EUROPE ? MAIS QUELLE EUROPE......?

Les démocrates comme moi ne peuvent que se réjouir ce matin de la très large victoire du “non” au référendum grec en espérant qu'il ne subira pas le même sort que le “non” au Traité européen voté en France, Pays-bas, …
Les médias de propagande ont bataillé jusqu'à la dernière heure en assurant que non et oui étaient “au coude à coude”, qu'un “non” était un “non à l'Europe”, que si le non l'emporte la Grèce sortirait de la zone euro et que ce serait le chaos, que le refus de la Grèce allait nous plomber encore plus nos impôts....Bref, une pléiade de mensonges, de menaces, de mises en garde afin que Alexandre Tsipras perde de son aura, que le vote de janvier ne soit qu'une parenthèse et que Syriza disparaisse à nouveau. Ainsi, les affaires pourraient continuer telle que “l'Europe” l'a décidé et le petit trublion d'extrême-gauche grec, élu démocratiquement, ne pourra plus venir bousculer la politique libérale capitaliste des “grands”...

Mais l'avenir n'est pas écrit, tel que je le dis souvent.
Le PEUPLE grec a bien compris que voter “oui” c'était l'austérité, la précarité, la soumission et aucun changement dans ce pays corrompu à l'évasion fiscale importante, bref que l'espérance d'un changement, votée et exprimée en janvier, n'aurait aucune possibilité d'existence, que ce qu'on a imposé à ce pays, il connaissait et n'en voulait plus.
Le gouvernement de Tsipras a bien expliqué que ce que “l'Europe” exigeait, en contrepartie de la prolongation du plan d'aide actuel et du versement de 15 milliards, était le remboursement de quatre tranches de prêts (et des intérêts des prêts) et que d'aucune façon , cela n'apportait la moindre liquidité au pays pour s'en sortir.
Par contre, les exigences étaient vraiment idéologiques puisque le gouvernement Tsipras avait interdiction dans ses réformes proposées de taxer les hauts revenus, de mettre à contribution les bénéfices des sociétés, devait augmenter la TVA à 23%, augmenter les cotisations de protection sociale et réformer drastiquement les retraites...Tout à l'opposé du programme sur lequel Syriza a été élu en janvier dernier. Autant dire que “l'Europe” voulait refermer la parenthèse Syriza.






Mais quelle Europe ?
Car quand on a écouté la propagande médiatique, on a bien entendu que le “non” grec signifiait “non à l'EUROPE”. Non seulement ce n'était pas la question lors de ce référendum mais on doit s'interroger de quelle Europe il s'agit quand on dit cela. L'Europe des Nations ou l'Europe financière dirigée par le FMI (Fonds Monétaire International,  dirigé par l'adulte Lagarde). Quand on entend , au lendemain du référendum, que la Grèce ne peut s'octroyer des droits, des exigences face aux autres pays européens, on essaye une fois encore de nous faire croire que l'Europe est dirigée par les Etats-membres. En réalité, ceux qui dirigent et veulent commander l'Europe sont des personnes non-élues : une Commission Européenne de personnes nommées par les gouvernements, une BCE (Banque Centrale Européenne) soit-disant autonome, mais qui prête aux banques et non aux Etats et le FMI international. Si encore c'était le Parlement Européen des député-e-s élu-e-s qui décidait de la politique à mener, alors cet argument tiendrait. Mais ce n'est pas le cas et donc, il y a encore une fois là manipulation des esprits, mettre de la confusion pour mieux régner sans reconsidérer nos institutions européennes.
Avec 62% pour le “non”, le résultat est sans appel : le PEUPLE grec a confirmé une deuxième fois qu'il ne se soumettait pas au diktat des conditions imposées par la Troika (Commission Européenne, BCE, FMI), mais qu'il souhaitait un avenir qui ne soit pas la copie conforme du passé où il se trouvait. Le gouvernement Tsipras s'est engagé à faire des réformes pour se sortir de cette impasse financière, mais avec SA politique, celle que le peuple a voté en janvier, pour lequel ils ont été élu. Pour une fois qu'un gouvernement veut être fidèle à la plate-forme d'engagements sur lequel il a été élu, on devrait applaudir. Mais malheureusement, ces réformes ne vont pas dans le sens d'une politique libérale financière capitaliste. Et c'est de cela qu'il s'agit. Il faut faire plier ce gouvernement grec car sinon il risque de contaminer une partie de l'Europe, il risque de nous faire nous interroger sur quelle Europe nous souhaitons, sur la place de la démocratie directe dans nos pays (un référendum l'est), nous interroger sur qui dirige vraiment l'Europe, sur les pouvoirs supranationaux que ces dirigeants s'octroyent et aussi de se demander si le sort de la Grèce n'est pas un scénario qui pourrait être appliqué à d'autres pays....à nous dont le pays est tout aussi endetté !




Le NON du peuple grec touche tous les européens car il nous montre clairement que le peuple peut s'exprimer sur des politiques imposées au pays par référendum, par démocratie directe, que des gouvernements peuvent remettre leur légitimité en jeu et demander au peuple son avis sur ce qui touche leur vie quotidienne, son avenir.

Ce qui se passe en  Grèce est une preuve très forte de courage politique, un exemple de démocratie, une interrogation sur quelle Europe NOUS voulons.
Pas étonnant que des Schultz, Merkel et autres politicards soumis aux marchés financiers soient anéantis par le vote démocratique grec (à deux fois). Faisant bonne figure devant les médias de propagande, on va entendre des scénarios les pires dans les jours à venir, mais nous on va observer attentivement comment sera traité l'expression démocratique d'un peuple par ces technocrates politico-financiers qui ne servent aucunement les intérêts des gens, des habitant-e-s de cette Europe.
Les institutions du siècle dernier ne sont plus adaptées dans ce monde qui a compris les limites des politiques mises en place depuis des dizaines d'années et qui nous a amené à une crise qui n'est que le scénario construit pour donner le pouvoir à quelques-uns au détriment des peuples, des habitants, d'un mieux-vivre en Europe.

La Grèce nous donne une leçon de démocratie et cela fait peur à pas mal de dirigeants, à pas mal d'actionnaires des banques créditrices.
Et demain, cet automne, l'Espagne pourrait, pourra être un autre pays européen à exprimer le désir d'une autre politique, proche du Syriza grec, et cela changerait encore plus le rapport de force au niveau européen. Et donnerait force à l'espoir d'une autre Europe que beaucoup de personnes souhaitent.

Et indirectement, cela interroge aussi chaque pays sur ses institutions et ses représentant-e-s, leurs responsabilités, les reniements à leurs promesses électorales et les politiques nationales menées. Merci la Grèce d'avoir amené ce débat en profondeur et montré un courage politique que beaucoup ne croyaient plus plausible, possible...
Et c'est aussi un sacré coup de pied à la vieille gauche gouvernementale....ça on ne le dit pas non plus, mais nous, on l'a déjà bien compris...

L'avenir n'est pas écrit....

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