jeudi 4 décembre 2014

JETZT GET'S LOSS "Alsaciens avec ou sans la France"

Les dimanches 30 novembre à Colmar, et encore ce 7 décembre à Mulhouse, le parti autonomiste "UNSER LAND" organisait une mobilisation pour manifester leur opposition à une grande région ALCA. Se sont joints à eux, motards, frontaliers, supporters et quelques élu-e-s de tous bords puisqu'on y a vu aussi bien Andrée Muchenbach, girouette de la politique, aujourd'hui égérie des régionalistes UNSER LAND et élue centriste de Schiltigheim, Brigitte Klinkert, fidèle UMP de Colmar et Henri Stoll, maire EELV de Kaysersberg qui souhaite une Alsace avec de l'autonomie au sein de la France républicaine. Bref environ 2000 manifestants à Colmar (autant à Mulhouse deux semaines après) mobilisés par les "réseaux sociaux" précédés par les motards rassemblés à Obernai qui ont fait une opération "escargot" sur l'autoroute jusqu'à Colmar...



Après un premier coup d'essai cet été, puis la manif annulée de Alsace d'Abord et Hebdi en septembre, la manif des élu-e-s UMP d'octobre peu populaire malgré le TER offert à 5 € par la Région pour venir manifester à Strasbourg, on peut dire que celle de ces deux dimanches avait un peu plus de gueule dans le sens où on sentait une mobilisation plus large et populaire-populiste que les éditions précédentes. 

Ceci dit, quelles conséquences est-ce que cela aura ? Aucune puisque les décisions sont prises ailleurs et que nos ténors politiques régionaux sont allés se ridiculiser à Paris avec leurs slogans défaitistes...
Dans la mobilisation (malgré tout toute relative) de dimanche, on pouvait entendre des slogans assez contradictoires : "Paris, on s'en fout" , "Référendum" martelé plusieurs fois, " Hollande t'es foutu, t'as les alsaciens au cul", "Indépendance", "Elsass frei", "on s'est fait baiser", "jetz get's loss" , etc...
C'est vrai qu'il y a eu un référendum l'an dernier, mais c'était pour un Conseil Unique d'Alsace et les électrices et électeurs ne s'étaient pas trompés puisqu'ils avaient bien senti les objectifs électoraux des élu-e-s en place plus qu'un projet qui était loin d'être élaboré et explicité. Et donc si un nouveau référendum portant sur la fusion avec Lorraine et Champagne-Ardennes est proposé, sans l'organiser, on connait déjà la réponse probable à une question-référendum de ce type. Et quel en serait l'impact ? Ne nous laissons pas entrainer dans ce populisme de base qui flatte l'électeur-acteur mais qui sert surtout les intérêts du parti organisateur dans la perspective des élections de mars et décembre 2015.



Une plateforme numérique pourrait rassembler un débat large et ouvert sur un réel projet pour la région concernant les compétences, l'autonomie budgétaire, les lieux de pouvoirs décisionnels, la répartition des services sur le territoire, le fonctionnement administratif et politique, etc,  et cela permettrait à tout un chacun-e de réfléchir vraiment à ce qu'on met derrière la dénomination "Elsass frei" et comment on se positionne par rapport aux propositions. Ce débat qui va le monter ? Qui va prendre le risque de faire de la démocratie participative réelle et non partisane ?
Car derrière ce projet de fusion des régions, il y a des intentions politiques certes,  d'économies et de cohérence de moyens, mais il y a surtout une interrogation générale sur comment on voit l'endroit où on vit, quel est le périmètre où on se sent partie intégrée dans la vie quotidienne, quel sens à une identité régionale dans l'avenir de ce monde du XXIè siècle, comment nous sentons-nous localement et aussi globalement, quels sont nos espoirs, nos attentes, nos rêves.
Est-ce que ce projet de fusion ne réveille pas autre chose en nous ? Une peur déjà bien présente de perdre l'individualité dans la mondialisation ? Une peur de ne plus savoir qui on est et jusqu'où on va ? Je veux dire par là qu'il y a sous-jacent sans aucun doute des questionnements existentiels plus profonds que de savoir si les lorraines sont des bons partenaires acceptables, on non !!!!!!! On rigole ...

Et puis, pour juste polémiquer un tout petit peu : regardez bien les images de cette manifestation. Rien ne vous surprend ? Où est l'Alsace, rhénane, accueillante, diversifiée ? Pas de blacks, beurs dans cette manif ou alors, je ne vois plus très bien...Alors, ça veut dire quoi ? Alsaciens de naissance et de "souche", français blancs...


voilà un manuel qui existait quand il y avait encore une option "Langue et culture régionales", 
mais après, on est passé au "bilinguisme".....exit tout cela....sauf le discours "officiel" !!!


Et la défense de notre langue régionale ? Cela fait longtemps qu'on l'a liquidée en instituant le bilinguisme apprentissage de l'allemand sous prétexte que le hochdeutsch est la langue écrite de notre elsasserditsch, patois germanique qui s'écrit pourtant. Alors, celles et ceux qui se battent pour le bilinguisme devraient expliciter en quoi ils-elles défendent l'alsacien alors que c'est en fait la mise en place de l'apprentissage de la langue du voisin pour devenir des bons travailleurs frontaliers, immigrés en Suisse et en Allemagne. Ce qui en soi est compréhensible dans une région frontalière. Mais alors arrêtons de faire croire que le bilinguisme va sauver l'alsacien...

Bref, le réveil est bien tardif et à force de ne pas avoir travaillé sur un projet régional fort, il n'y a plus grand chose à défendre aujourd'hui.
Le dernier débat a lieu à l'Assemblée à partir du 8 décembre.
 
Prendre en exemple la Corse ou la Bretagne est flatteur sauf que ces régions ont travaillé sur leur autonomie depuis très longtemps avec des propositions et un projet. Mais ça, "on" n'en parle moins...

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